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Burundi : Ramasser des os dans les poubelles pour survivre à Bujumbura

À Bujumbura de jeunes sans emploi fouillent chaque jour les incinérateurs et les poubelles de la capitale économique  pour tenter de trouver de quoi vivre. Certains d’entre eux travaillent dur pour soutenir leurs familles dans les provinces et s’organiser pour l’avenir.

Gérard Irambona fait partie de ces jeunes qui, avec ses amis, ramassent des os notamment dans les sites d’incinération, dans les poubelles de Bujumbura et le long des cours d’eaux incluant la rivière Ntahangwa. Ils les revendent ensuite pour qu’ils soient recyclés en nourriture pour les pondeuses.

« Nous collectons les os de bœufs dans les abattoirs et auprès de grands restaurants. Ensuite, nous les amenons dans un endroit sûr, où nous les brûlons avec des sacs et du bois », explique Gérard. « Une fois le feu éteint, nous les transportons vers un point de vente, ce qui nous permet de gagner de l’argent », ajoute-t-il.

Ces jeunes passent des journées à chercher des os de bétail, qu’ils brûlent avant de les vendre au poids à un prix très bas, compte tenu de la difficulté de leur travail.

Le désir de profit est leur seule motivation

Dans l’adversité, ils n’ont pas d’autre choix. En ville, il faut travailler dur pour gagner sa vie et se projeter dans l’avenir. Gérard, qui a déjà acheté une parcelle dans sa province d’origine (Gitega) grâce à cette activité, déclare : « Le revenu varie selon les achats. On peut acquérir ces os à 300 BIF le kg et les vendre entre 600 et 700 BIF, soit un intérêt variant entre 300 et 400 BIF par kg ».

«Si nous arrivons à vendre une tonne, cela représente une somme significative. Cependant, la collecte est difficile, et nous ne pouvons livrer qu’une fois par semaine, avec un maximum de 500 kg », souligne-t-il. Malgré les bénéfices potentiels, Gérard trouve difficile d’abandonner ce métier, même s’il n’a pas encore beaucoup gagné. « Grâce à ce travail, j’ai déjà pu acheter une parcelle », précise-t-il.

Clovis Ndikumana, un jeune originaire de Gitega, propriétaire d’un moulin à broyer des os dans le quartier industriel, indique que son activité se développe grâce à l’achat et au broyage des os grillés, qu’il mélange avec d’autres ingrédients pour produire de la nourriture pour poules.

« J’ai choisi ce travail pour le profit, et j’ai déjà réalisé des gains. J’ai pu acheter une parcelle et une voiture », témoigne-t-il.

 La demande est énorme et spécifique

« Nous recevons des os grillés, sans souillures. Ils sont brûlés dans un endroit sûr jusqu’à ce que le feu s’éteigne. C’est pourquoi ils sont noirs et secs », indique Clovis, en précisant qu’ils ont besoin d’au moins 500 kg d’ossements par semaine pour les mélanger avec d’autres ingrédients.

Cédric, zootechnicien de la Coopérative des Femmes Réveillées pour l’Auto-Développement (CFRA), souligne l’importance d’encourager des activités qui protègent le bétail. Il recommande d’améliorer cette méthode, qui pourrait bénéficier au développement des familles et du pays. « Les pondeuses consomment principalement des céréales, mais il est également possible de les enrichir avec d’autres produits en fonction des besoins », explique-t-il.

« On peut ajouter des additifs comme du tournesol, de la méthionine et d’autres pour favoriser la croissance des poules. De la lysine et d’autres produits peuvent également être intégrés », ajoute M. Niyongabo. Selon lui, il est essentiel que ceux qui préparent la nourriture pour les poules et leurs partenaires cherchent de nouvelles connaissances pour rendre le secteur plus productif. L’introduction de machines modernes, comme des mélangeurs, pourrait également améliorer la situation.

Le Burundi est confronté à un défi concernant l’employabilité des jeunes. Environ quatre cent mille jeunes diplômés sont sans emploi, d’après les statistiques du recensement de 2020. Face à cette situation, le pays incite les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat dans différents secteurs.

Freddy Bin Sengi

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