Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Burundi: manque de l’énergie malgré tous les potentiels du pays

Le gouvernement doit favoriser des investissements privés dans le secteur de l’énergie, pour que le taux d’électrification quitte de 13% à 100% en 2030. Ce pari ne sera pas gagné s’il ne recourt pas à des énergies renouvelables car, les installations hydro-énergétiques coûtent plus cher et la situation économique ne le permet pas, souligne la table ronde sur l’accès à l’énergie au Burundi.

Tenue du 4 au 5 octobre à Bujumbura, la table ronde sur l’accès à l’énergie au Burundi étudiait comment le Burundi peut atteindre l’accès universel à l’énergie. Des partenaires techniques et financiers du pays, des investisseurs Burundais et étrangers qui œuvrent dans le domaine de l’énergie renouvelable surtout étaient aussi présents. Ils échangent sur des défis qui handicapent le secteur d’énergie et proposent des voies de solution.

Du moins, la majorité des Burundais utilisent de l’énergie hydroélectrique fournie par la Regideso. Selon cette dernière, le pays passe à peu près 20 ans sans nouveau barrage hydroélectrique. Le plus récent barrage date de 1986. La Regideso tentait d’expliquer l’insuffisance du courant électrique, qui se manifeste à travers des coupures du courant et des délestages.

Aussi, la situation économique du pays freine le bon déroulement des travaux de construction de nouveaux barrages appuyés par la Banque Mondiale, indique Thierno Bah, spécialiste des énergies renouvelables à la Banque Mondiale. “ La non-disponibilité des devises à la banque centrale et la recrudescence du manque de carburant” ont fait que les travaux de construction des barrages comme Jiji-Mulembwe, Rusumo Falls et Ruzizi III n’avancent pas comme prévu.

Le solaire domine les énergies renouvelables

Ce cadre de la Banque Mondiale conseille au gouvernement de décentraliser le secteur d’électricité et aussi penser à développer des énergies renouvelables. Peu d’investisseurs ont déjà investi dans ce domaine, et plus minimes encore sont des partenariats publics-privés (PPP) dans le domaine de l’énergie. Le premier et le seul PPP serait la construction du centre photovoltaïque de 7,5 MW à Mubuga, dans la commune et province de Gitega, avec la société européenne Gigawatt Global.

D’autres entreprises locales œuvrent dans la commercialisation et installation des équipements qui génèrent de l’énergie solaire, surtout dans les milieux ruraux. Ils vendent des équipements électroniques qui fonctionnent sur l’énergie solaire comme des lampes, torches, radios et télévisions qu’ils importent des pays européens et asiatiques. Il y en aussi ceux qui ont des installations pouvant servir dans l’irrigation des champs.

Que le gouvernement exonère l’énergie

Les systèmes d’énergies renouvelables dont ceux qui utilisent le soleil sont plus chers. Les vendeurs de ces équipements disent qu’ils n’ont pas de clients. Ils admettent eux aussi que ces équipements sont chers, considérant le pouvoir d’achat de la population des communautés rurales.

“Si le gouvernement pouvait enlever la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur des équipements électriques importés, le prix devrait diminuer. Par exemple, ceci (montrant un petit appareil ayant un système d’éclairage et de charge d’un téléphone mobile) est importé du Danemark. Il coûte 140 000 Fbu. Mais, si on enlève les TVA, je peux le vendre à 80 000 Fbu environ”, dit Richard Dusabe, directeur général de ReNewGen.

Les investisseurs ont du mal à mobiliser des fonds

Ils (les investisseurs) ne savent pas écrire des plans d’affaires bancables, déplore Antonio Capone, chef de la coopération à la délégation de l’Union Européenne au Burundi pendant cette table ronde. Il parle d’un paradoxe. “Le besoin en électricité est criant. Les fonds sont disponibles chez les bailleurs. Mais, les investisseurs ne peuvent les décrocher. Leurs plans d’affaires ne rassurent pas la bonne utilisation des fonds”, regrette Capone.

De ce fait, certaines organisations ont permis de renforcer les capacités des investisseurs en énergie sur la rédaction des plans d’affaires et la mobilisation des fonds d’appui des projets. La société GET.Invest Burundi, présente à cette table ronde,  a promis d’aider les investisseurs dans la rédaction des plans d’affaires bancables et qui peuvent mobiliser des fonds. Alexandra NIEZ, coordinatrice de GET.Invest Burundi, a rassuré que cette société a plusieurs formats de plan d’affaires pouvant être adaptés à chaque type d’entreprise.

Signalons que selon la base de données Sustainable Energy for All (SE4ALL) de la Banque Mondiale, le Burundi occupe la troisième position parmi les pays les moins électrifiés, avec un taux d’électrification de 11,7%. Le Soudan du Sud venait à la tête de ces pays avec un taux d’électrification de 7,2%, suivi par le Tchad qui avait 11,1%.

Eric Niyoyitungira.
Quitter la version mobile