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Burundi: les parlementaires déplorent un manque des semences sélectionnées

Plus de 90% des Burundais vivent de l’agriculture, et moins de 10% des agriculteurs utilisent des semences sélectionnées. Le manque de ces semences et surtout l’insuffisance des centres pour leur multiplication en sont les causes principales. Importées, ces semences sont très chères et arrivent souvent tardivement. Plus rares sont les plants fruitiers, trouvables dans peu de provinces. Par conséquent, la production agricole va en decrescendo.

Le manque des semences certifiées est source de malaise  des agriculteurs selon le rapport de la commission parlementaire chargée de l’agriculture. En conséquence: “les agriculteurs continuent à utiliser des semences ordinaires, appelées “tout venant”, ce qui cause la baisse de la production agricole”; dit le parlementaire Ndayizeye Angel, lors de la présentation du rapport de la commission parlementaire chargée de l’agriculture. 

Le maïs et la pomme de terre sont des cultures dont les semences sélectionnées sont un peu plus accessibles. Presque toutes les organisations internationales œuvrant dans le secteur semencier s’intéressent à la multiplication du maïs. Les semences de pommes de terre restent en grande partie produites par l’Isabu. En dehors de l’Isabu, ces semences sont aussi produites dans les provinces de Mwaro, Ngozi et Rumonge.

Lire : Burundi: Les excréments humains pourraient changer la donne dans le secteur de l’agriculture

Pourtant, les parlementaires déplorent qu’il y ait des personnes fictives sur la liste des producteurs de semences agréés par l’Office Nationale de Contrôle et de la Certification des Semences (ONCCS). Ils dénoncent aussi la spoliation des terres destinées à ce travail. “Les requérants les utilisent pour d’autres usages à fins commerciaux”, alertent ces derniers.

L’ONCCS ne facilite pas l’acquisition des semences à reproduire.

Les producteurs semenciers indiquent que c’est tellement difficile d’avoir des semences bases à multiplier. “Pour que l’Isabu te donne “des bases”, il faut que tu présente une lettre (d’accréditation) signée par l’ONCCS. Cette dernière n’est pas facilement acquérable », regrette J. Pierre Ndayishimiye, producteur des semences du riz dans la plaine de l’Imbo.

“Tu peux demander l’accréditation à l’ONCCS pour aller demander des “bases” à l’Isabu et passer plusieurs jours sans réponse. La saison culturale passe assez vite. Quand l’accréditation arrive, la saison est passée. Et quand tu demandes des semences à l’Isabu, on te répond que le stock est déjà vide”, livre J. P. Ndayishimiye.

Bien que l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) soit le seul à produire des “bases”, il n’est pas à mesure de satisfaire la demande. Pour la saison B de cette année par exemple, l’Institut n’a produit que 140 tonnes de pommes de terre et 43,3 tonnes de maïs, tous des pré-bases, comme l’indique le rapport parlementaire. Cette production reste insuffisante pour la superficie de 27 834 Km² habitée par environ 12 millions de personnes.

Les plants fruitiers sont rarissimes.

Les semences des fruits sont difficilement accessibles. Tout le pays a seulement 5 producteurs de plants fruitiers. En mairie de Bujumbura, on produit une quantité importante de plants fruitiers, de variétés diverses. Les provinces de Kayanza, Gitega, Makamba et Muyinga ont des producteurs de plants fruitiers, mais ayant une capacité de production basse.

Les projets agricoles nationaux et les organisations œuvrant dans ce domaine ne promeuvent pas l’agriculture fruitière. Sur les 18 provinces que compte le Burundi, 6 seulement ont des projets ou organisations promoteurs de l’agriculture des fruits. Et même là, ils n’interviennent pas dans la multiplication des plants, comme le mentionne le rapport. Ils achètent et distribuent les plants aux agriculteurs.

Le ministre de l’agriculture tranquillise.

Invité à l’assemblée nationale pour une séance questions-réponses, le ministre chargé de l’agriculture, Déo Guide Rurema dit que le gouvernement burundais est prêt à trouver une solution au manque des semences sélectionnées. Tout en indiquant que le gouvernement a pris l’option de compter sur l’agriculture pour relancer son économie, et ajoute qu’il a déjà planifié la diversification des sources de semences. 

Rurema signale que le gouvernement a déjà demandé à l’ISABU de s’approprier la multiplication de semences. Parallèlement, le ministre ajoute que certaines coopératives œuvrant dans le secteur d’agriculture vont aussi être outillées pour contribuer dans ce secteur.

Le Burundi connaît actuellement une flambée chronique des prix des denrées alimentaires. Depuis le mois d’octobre, le prix du riz, par exemple, a augmenté à hauteur de plus de 50%, passant de 1 700 Fbu à 2 700 Fbu pendant les fêtes de fin d’année.

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Eric Niyoyitungira.

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