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Burundi: Les excréments humains pourraient changer la donne dans le secteur de l’agriculture

Toilettes écologique au Burundi
Au Burundi, la concentration de la population est essentiellement en milieu rural où pas moins de 90% vivent de l’agriculture. Ce secteur constitue la principale source de revenus et d’emplois au pays car il génère 84% d’emplois. Par conséquent, il contribue 39,6% du PIB (PND-Burundi-2018-2027). Néanmoins, la régression et dégradation des sols, les techniques agricoles inappropriées et surtout les aléas climatiques menacent ce secteur. 

Comme le secteur de l’agriculture est le poumon de croissance de l’économie nationale et aussi le garant de la sécurité alimentaire des populations, le Burundi devrait développer de nouvelles techniques tant pour la lutte contre les effets du changement climatique que pour la multiplication de sa production agricole. 

 Pour Théophile Ndayisenga, président de l’Association Action Santé Communautaire (ASCO-Burundi), : “Il est temps que le pays utilise les fertilisants naturels pour faire face aux changements climatiques et développer la culture.” 

“Le Burundi sera prospère dans moins de 7 ans”

“Notre association, ASCO-Burundi travaille promptement depuis 2016 pour que le gouvernement officialise l’utilisation du fertilisant d’origine humaine dans nos champs. Le pays sera prospère et riche dans quelque temps. » affirme M. Ndayisenga.

Il renchérit en affirmant que cet engrais d’origine humaine n’a aucun effet secondaire sur les humains ni sur la culture en particulier et d’une façon générale sur l’environnement. “Il n’y aucune autre raison qu’il ne soit pas utilisé sur tout le territoire national pour booster la culture.” 

Lire : Investir dans l’agriculture contribue au développement intégré du pays (P.N.Mahoromeza)

Par ailleurs, pour le président de l’ASCO-Burundi l’utilisation des matières fécales traitées dans les champs permettra une bonne épargne des moyens colossaux utilisés au départ par les cultivateurs pour l’achat des engrais chimiques.

En croire Augustin Ntabankana, cultivateur de riz en commune Mutimbuzi, zone Maramvya en province Bujumbura, qui a vu croître sa production agricole, depuis trois ans, il a pu faire des économies avec l’argent qu’il utilisait chaque fois pour l’achat des engrais chimiques. Ainsi, il a pu passer à l’élevage des vaches et chèvres. 

Avec un champ de 8 ares, il arrivait difficilement à récolter plus de 15 kg de riz par saison. Et cela,  pendant plus de 15 ans.

Ce père de famille de 5 enfants encourage les autres à passer à ce nouveau système d’utilisation de fertilisants naturels, car selon lui, sa production a doublé. Il arrive aujourd’hui à produire plus de 30 kg de riz par saison.

Pour M. Ntabankana, la technique est très simple et moins coûtant: “Il suffit seulement d’avoir des toilettes écologiques et d’attendre au moins une année pour la décomposition des matières fécales et un mois pour les urines afin d’avoir ces engrais naturels.” 

L’utilisation des toilettes agro-écologiques devient de plus en plus une réalité au Burundi

ASCO-Burundi continue ses sensibilisations dans les provinces de Rumonge, Mwaro, Bururi, Gitega et Rutana. Au moins plus de 20 milles ménages utilisent déjà les toilettes agro-écologiques.

Au cours de leurs sensibilisations, cette association à caractere communautaire enseigne à la population que les excréments humaines (fèces ou selles) ne sont pas des déchets plutôt de “l’or jaune et noir.”

Toilettes agro-écologiques, comment fonctionnent-elles?

Selon l’ASCO-Burundi, la toilette écologique ou agro-écologique est une toilette à double compartiments, construite en béton de sorte que les déchets ne soient pas en contact avec le sol. Un compartiment est mis en attente alors que l’autre est utilisé et quand il est plein, il est fermé pendant 12 mois pour que les germes pathogènes contenus dans  les matières fécales soient inactifs. 

L’hygiénisation se fait toujours selon ASCO-Burundi par ajout des cendres ou des copeaux de bois afin de faciliter le séchage des déchets. L’urine aussi une fois bien conservée dans un récipient, elle est utilisée pour les plantes. L’urine concentrée représente un environnement plus hostile aux microorganismes.

Le gouvernement burundais prévoyait déjà depuis plus de 5 ans  la construction de toilettes écologiques dans sa Politique Nationale d’Assainissement du Burundi et Stratégie Opérationnelle à l’horizon 2025. Ainsi, la communauté pourrait avoir la possibilité d’apprendre beaucoup plus comment exploiter et utiliser les déchets humains comme fertilisant naturel afin d’améliorer la production agricole.

Lire aussi : À Gitwe, des toilettes écologiques améliorent l’hygiène et la fertilité des sols
Freddy bin Sengi
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