Une pénurie de sucre est observée depuis quelques mois au pays du tambour. Les commerçants grossistes et détaillants expliquent une offre insuffisante du produit. Alors qu’au niveau de l’administration de la société sucrière du Moso (SOSUMO), on parle de la diminution de la production et la spéculation des commerçants.
Il est 14 heures, lundi 10 juillet 2022 au quartier Kamenge en commune Ntahangwa de la capitale économique Bujumbura. Les commerçants et les habitants rencontrés confirment la pénurie de sucre.
Régine Iradukunda âgée d’une quarantaine habitant du quartier Mirango II commune Ntahangwa de la mairie de Bujumbura assise devant la maison, indique qu’elle vient de passer deux mois sans consommé du thé. Faute de manque de sucre. Les enfants réclament toujours du thé. J’ai passé dans toutes les boutiques du quartier à la recherche du sucre mais en vain. Elle demande aux responsables de la sosumo d’approvisionner les grossistes et les détaillants afin de trouver là où elle achète.
Nous sommes fatigués, se plaint Maurice Kwizera, un homme rencontré à la boutique située au quartier Heha de la même zone: «on ne nous donne que des rendez-vous, c’est pour la quatrième fois que je présente et rentre sans le moindre gramme de sucre. A Défaut du sucre poursuit-t-il, nous utilisons du miel.» Ce qui coûte très cher. Nous n’avons pas d’autres choix. Il rejette les explications des responsables de ladite entreprise disant toujours que le produit est disponible : Comment un produit disponible en quantité suffisante peut faire l’objet d’une spéculation qu’il nous dise la vérité sur les causes réelles de cette rareté du sucre.»
Où est le sucre burundais
Un vendeur de sucre croisé au quartier Gikizi de la même commune explique la pénurie du sucre par l’offre insuffisante du produit de la seule entreprise du pays. « La production de la SOSUMO ne peut couvrir la demande nationale qui augmente du jour au jour ».
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Certains commerçants cachent le sucre pour le revendre à un prix exorbitant. Il indique que chaque mois la société sucrière du Moso approvisionne les grossistes de la zone Kamenge. Ce qui est frappant regrette-t-il, ces derniers dissimulent le produit et le vendent aux détaillants choisis.
Isaïe Niyongedako propriétaire d’une alimentation situé au 14ème du quartier Mirango II, un autre vendeur de sucre sosumo, manque de mots pour expliquer la pénurie. Auparavant chaque mois il recevait au moins un tonne et d’ajouter qu’il doit répartir cette quantité aux citoyens du quartier. Aujourd’hui : « Deux mois je n’arrive pas à m’approvisionner même un tonne et d’ajouter qu’il doit répartir cette quantité, pas le moindre sac». Cependant, il indique que le dernier approvisionnement du sucre sosumo a eu lieu le 17 mai 2022. Il fait savoir qu’il attend toujours la livraison.
Nous pouvons même passer trois mois sans être approvisionné, témoigne un employé à l’alimentation sise à Kamenge, 15ème avenue. Il indique qu’un Kg du sucre se vend à 2500 kg s’il est disponible. Et des fois, poursuit-il, trois mois peuvent passer sans aucun approvisionnement. Les conséquences alors chacun va se faire son prix.
La production a chuté
Jean marie Iradukunda un boutiquier de la 3ème avenue, quartier Heha de la zone Kamenge vend du sucre emballé dans un papier. Une cuillère de sucre se vend à 100 BIF. Selon lui, avoir un kg de sucre c’est un casse-tête. Il ajoute par ailleurs qu’il s’approvisionne auprès de la population. Et poursuit-il qu’il y a des citoyens qui achètent du sucre aux alimentations, au lieu de les utiliser, ils préfèrent le revendre aux boutiquiers. Un kg du produit SOSUMO coûte 5000 BIF par kg, auprès de la population. Pour avoir un bénéfice, j’ai choisi de vendre le sucre mesuré à une cuillère. Je n’avais pas d’autres choix. J’ai passé six mois sans approvisionne même un sac de sucre. A défaut de manque de ce produit. Il demande aux autorités du pays de régler ce problème le plus tôt possible.
Aloys Ndayikengurukiye, administrateur directeur Général de la SOSUMO, réfute les accusations des commerçants. Il indique que la quantité produite par la société dont il est à la tête a diminué. Le sucre disponible doit être réparti aux commerçants. Ce haut responsable de l’entreprise fait savoir qu’il n’y a pas d’alternatives dans la distribution du sucre. Il ajoute que le sucre a été distribué aux grossistes reconnus par les administrations à la base. Et d’ajouter que la campagne de récolte a commencé ce mardi 12 juillet 2022.
M. Ndayikengurukiye interpelle les administratifs à la base de suivre de près la distribution du sucre afin d’éviter la spéculation. Et, poursuit-il, le problème du manque de sucre sera résolu petit à petit jusqu’au mois de septembre de cette année.
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Pacifique Gahama