Au Burundi, la journée internationale de la langue maternelle est célébrée sous le thème “ Le kirundi comme base des connaissances conduisant tous les Burundais au rendez-vous du développement ». Le ministère ayant dans ses attributions la culture insiste sur le fait que cette journée est célébrée à point nommé car le kirundi est menacé.
“Cette journée tombe à point nommé pour nous burundais car notre kirundi est menacé. Si ce n’est pas pour le noyer dans d’autres langues, c’est pour le critiquer comme quoi il est pauvre , comme quoi il est susceptible de se faire avaler par d’autres langues.” indique Ezéchiel Nibigira ministre des affaires de l’EAC , de la jeunesse , des sports et de la culture à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la langue maternelle.
Il informe que la, il n’a pas parlé des Burundais qui ne savent plus utiliser correctement et sagement leur langue maternelle ; loin de là les discours de circonstance lors des fêtes où il était codé , respecté , écouté avec attention , reverse , le cas échéant , aux initiés.
A cela s’ajoute le dénigrement total de la langue maternelle. Quand un burundais commet une faute de langue au cours d’un discours en langue étrangère, on le critique comme ce n’est pas permis ; on commence à douter même de l’authenticité de son diplôme. Mais quand il commet des fautes en kirundi , personne ne dira rien .
Ce qui veut dire que le kirundi peut se faire massacrer impunément. Cela veut également dire que ce n’est pas une langue à plaindre .
“N’est ce pas là une manifestation d’une complexe d’infériorité linguistique , d’un complexe de sous langue , donc de sous- peuple tout court? ” lâche-t-il.
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L’oppression linguistique manifeste
“Ne pas parler sa langue maternelle traduit un manque d’intérêt, une dévalorisation de celle-ci. Un Burundais qui fait semblant de ne pas parler sa langue maternelle, a déjà franchi la limite. c’est aberrant.” explique Muheto Alain Patrick membre du Centre Burundais pour la Lecture et l’Animation Culturelle (CEBULAC).
Pour le Ministre Nibigira, quand une personne ne peut pas utiliser sa langue maternelle, à part que cela prouve qu’elle n’est pas enracinée dans sa culture, cela traduit également qu’elle n’est pas indépendante.
“Quand tu raisonnes dans la langue qui n’est pas celle que tu as tétée avant de t’exprimer, tu n’es pas indépendant. Quand tu n’es pas à mesure de prononcer un discours dans la langue maternelle sans y introduire de façon intempestive les mots et les expressions étrangers, tu n’es ni indépendant ni libre. En fait, tu remplaces ton âme par celle de l’autre. Tu t’effaces.” martele le ministre Nibigira.
Et d’ajouter “ Dans les annonces pour appel d’offres d’emploi, vous entendez la maîtrise des langues telles que le français et l’anglais comme condition d’embauche.”
Il estime qu’il serait plus logique de faire du kirundi une condition d’embauche plutôt que de faire de conditions d’embauche les langues étrangères. Cela dans un pays ou il y a au moins une langue que tous les habitants nationaux comprennent et qui est utilisée presque exclusivement même dans tous les services
Proclamée par l’UNESCO, le 21 février 2020, cette journée est célébrée pour promouvoir la diversité linguistique et culturelle.
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Joe Senghor