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Burundi: la justice doit être tenace pour désillusionner ceux qui se croient au-dessus de la loi

La CNIDH encourage la chaîne pénale à rester tenace pour désillusionner et traquer tous les contrevenants à la loi afin de les redresser dans l’intérêt supérieur de la Nation. C’est après que certains administrateurs communaux se trouvent dans les verrous suite à divers manquements et détournements. Depuis le mois de septembre passé,  le Chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye avait déclaré d’un “Leta Mvyeyi Kandi mpanyi”,  invitant la magistrature à la tolérance zéro.

La Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), dans sa déclaration de ce 10 décembre, a apprécié les efforts de la justice dans la poursuite des individus qui se croient comme s’ils étaient au-dessus de la loi, mais qui se trouvent actuellement derrière les barreaux de diverses provinces. D’ailleurs, le vendredi 2 septembre à Gitega, Evariste Ndayishimiye a souligné qu’il n’y a pas de développement sans justice.

Depuis ce coup d’envoi des magistrats à asseoir la justice au nom du “Leta Mvyeyi Kandi mpanyi” ( gouvernent responsable et qui punit), les choses ont pris une nouvelle allure dans le pays. Cinq jours après, le premier mammouth du gouvernement en fonction du Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni, a été destitué. Avec lui, 4 ministres ont été remplacés par le nouveau ministre dans le gouvernement du 10 septembre 2022.

Bien avant, les quelques administrateurs des communes avaient été suspendus pour “insubordination, abus de pouvoir et manque d’éthique en matière de gestion du patrimoine communal”, selon le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique (MIDCSP). Dans ce courant, Pascal SEBIGO, administrateur communal de Kiremba à Ngozi, a été suspendu le 28 juillet, et Ntahomvukiye Geneviève de la commune Kanyosha de la province de Bujumbura, suspendue le 9 août.

Du détournement de biens publics aux crimes économiques

Le 16 mars 2022, le président de l’Assemblée Nationale, Gélase Ndabirabe, animant une séance de moralisation à l’endroit des dirigeants des sociétés coopératives de la province Kayanza, a rappelé que toute chose publique se trouve sous l’œil vigilant de l’Etat. Prévenant ces derniers que celui qui détournera l’argent que le gouvernement donne pour le développement des communautés, sera contraint de le rembourser.

Le 28 septembre, le MIDCSP a parlé d’un crime économique, après la “saisie chez Nduwimana Sylvestre (Pongo) de : 1356 sacs de sucre,  187 sacs de FOMI (engrais), 2320 litres de mazout et beaucoup des mêmes produits sensibles chez Eugénie, Girukwishaka Eric et Kajibwami Onesphore, au chef-lieu de la Province Kayanza”, ajoutant qu’une enquête est ouverte.

A lire : Burundi-CVR : la vérité est la sève de la réconciliation et d’une paix durable pour un peuple

Dans la province de Kirundo, 22 percepteurs de taxes de la commune Busoni ont été emprisonnés pour “ atteinte au bon fonctionnement de l’économie nationale et concussion du Code Pénal « , le 16 octobre passé. L’administrateur de la commune Butihinda de la province de Muyinga, Revocat Ruberandinzi, a été suspendu le 17 octobre, suite au « détournement de fonds publics, le faux et l’usage de faux, malversation économique, la violation du code de marchés publics et l’insubordination”, selon le MIDCSP et qui par la suite a été remplacé le 2 novembre. Jean-Claude Kinyoni, l’administrateur communal de Bwambarangwe à Kirundo, avait connu ce même sort, le 16 octobre.

Trois sur cinq administrateurs communaux de la province de Rumonge sont en prison

Accusés d’avoir détourné le matériel de construction des écoles que la présidence de la République avait donné à la province de Rumonge, 3 administrateurs communaux et le conseiller du gouverneur sont locataires de la prison centrale de Rumonge, dite Ku Murembwe, depuis le 7 décembre 2022. L’administrateur de la commune Buyengero, celui de la commune Rumonge et celui de la commune Bugarama sont incarcérés aux côtés du conseiller du gouverneur  chargé des finances et de l’administration. 

Généralement, tous les administrateurs communaux de sexe masculin de la province de Rumonge sont emprisonnés. Les 2 administrateurs de sexe féminin ont été aussi auditionnées par le parquet de Bururi et relâchées. L’ancien gouverneur de la province, récemment nommé pour être conseiller au consulat du Burundi à Kinshasa, serait également auditionné sur le même dossier et relâché.

Bien qu’insatisfaites, des organisations de la société civile saluent cette bravoure de la justice

L’organisation  Nouvelle Action pour le Développement (NAD) félicite la justice pour l’emprisonnement de ces administratifs de la province de Rumonge qui ont détourné des tôles et ciment destinés à la construction des tôles. Selon Joseph Manirafasha, coordinateur de NAD, il encourage cette allure pour faire respecter la chose publique. 

Cependant, certaines organisations comme Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM), s’interrogent sur le pourquoi un administrateur communal accusé de détournement des sacs de ciment est mis au cachot, alors que ceux qui ont détourné des milliards se contentent de remettre et continuer à se la couler douce.

Célébrant la journée internationale de lutte contre la corruption, ce 9 décembre, L’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome), rappelle aux décideurs que la corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société, et qu’elle est profondément liée aux conflits et à l’instabilité du pays.

L’histoire satirique d’ “Igifyoti”, l’oiseau diabolique

Le 29 septembre 2022, à Gitega, lors de la prière que le parti au pouvoir, CNDD-FDD organise chaque dernier jeudi du mois, le prédicateur, Pasteur Isidore Mbayahaga a été plus satirique. Il a raconté une histoire de l’oiseau « dévoreur », appelé Igifyoti, qui s’accapare de tout bien destiné à ses subalternes et qui en a payé lourd tribut. C’était quelques jours après le limogeage du Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni et dont les mobiles n’ont été définis que de la volonté du président de la République “d’organiser sa maison comme il le veut”, selon le président de l’Assemblée Nationale.

Le mardi 6 décembre, le Premier Ministre Gervais Ndirakobuca a réitéré l’engagement du gouvernement à combattre la corruption et surtout l’impunité. Dans une rencontre qu’il a eue avec les responsables administratifs et les chefs de service de la province de Kirundo (au Nord du pays), il a mis en garde tous ceux qui commettent des forfaits pensant à un soutien du parti au pouvoir (le CNDD-FDD) ou d’un “ parrain”, homme politique et très influent au sein du Parti présidentiel. Il les a même menacés d’exclusion du CNDD-FDD.

Ces administrateurs sont punis. La population s’en réjouit. C’est la justice. Elle jubilera un jour, peut-être, quand elle aura des nouvelles sur le barrage de Mpanda et les forfaitaires traduits en justice. Ce sera aussi la joie quand ceux qui exploitent frauduleusement les minerais connaîtront le même sort que ces administratifs ci-hauts parlés.

A lire aussi : « Il n’y a pas de développement sans justice »

Eric Niyoyitungira

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