Agréée en février 2017, la fédération burundaise de Kung Fu se débat pour sa visibilité, l’inculcation de ce qui caractérise un kung-fu man et son développement en tant qu’art martial. Elle ne trouvera pont que dans la production des films et son partenariat avec l’ambassade de la Chine au Burundi selon la vision des fondateurs.
Créée en 2008, la fédération burundaise de kung fu n’a eu son agrément qu’en 2017. Depuis 14 ans, elle a connu une bonne évolution tout en encaissant aussi des difficultés de part et d’autre comme l’affirme son vice-président, Célestin Nininahazwe, dans une interview accordée au JA.
Nous avons déjà lancé deux films, mais il y en a un autre en cours de route. Le premier film intitulé “Umutwe w’inkuba” est sorti en 2015. Le second film “Samandari” est sorti en 2019. Et le troisième “Who is the killer” est le titre de ce film qui sera lancé vers la fin du mois de mars.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la production de films?
Nous voulons promouvoir notre art martial. Nous voulons inculquer notre discipline à la population en général. Par exemple, un kung-fu man est cette personne qui sait tenir sa langue, Il est sage, il est cette personne qui respecte autrui, cette personne qui n’engage jamais un combat mais qui n’est là que pour se défendre.
Pourquoi une période de 5 ans entre votre premier film et le second?
Ce n’était que pour se préparer avant tout. Nous estimons que nous devons avoir une leçon et un message à donner dans chaque réalisation. Donc, nous ne produisons pas pour produire uniquement. Mais nous produisons pour que celui qui regarde fait un coup de chapeau.
Sans oublier que nous nous auto-finançons. Les membres de la fédération sont très nombreux, comme ça, nous faisons des contributions. Nous n’avons personne pour nous financer ou nous manager.
A titre d’exemple, nous avons dépensé entre 5 et 7 millions de BIF dans la réalisation du film. Par exemple, nous nous retrouvions en train de louer au moins 3 caméras par jour et ce pendant au moins 3 mois.
A lire : Sélectionneur du Cameroun, le nouveau défi de Rigobert Song
Qu’en est-t-il de ce voyage en Chine de 2019?
L’ambassade de la République populaire de Chine y a mis du sien pour que nous puissions bénéficier d’une formation de 3 mois en Chine. Nous y sommes allés pour étudier et améliorer notre Kung-fu. On était 3 burundais à rester dans la ville de Yun an (Zing zhu) pendant 3 mois.
Ce voyage a été très utile pour nous , les portes vers de nouveaux horizons nous étaient déjà ouvertes. Nous apprenons des autres. De là où ils en sont et nous nous inspirons de leur persistance et leur dévouement.
Les connaissances que nous avons apprises de l’autre côté, nous les partageons aux autres qui sont restés ici. Il y a aussi ce partenariat cette fois non pas avec l’ambassade de la Chine seulement mais avec la Chine. Ce qui devient un atout pour notre fédération car nous avons un contact direct.
Quelles ont été les plus belles réalisations pour la fédération de Wushu?
Nous nous félicitons car ce qu’on appelait Kung-fu à l’époque est très différent de l’actuel Kung-fu. On le pratiquait sans vision mais aujourd’hui nous avons déjà participé à des tournois internationaux. A titre d’exemple nous avons disputé la compétition African Kung-fu wushu qui s’est tenu au Rwanda en juin dernier. Nous avons eu la chance de remporter 5 médailles d’or et 1 médaille de Bronze.
Nous en sommes au point ou la fédération reçoit au moins un maître en provenance de la Chine pour nous faire suivre des formations par an. Dernièrement c’était le coach Zheng Gi Long
Quels sont les challenges auxquels votre fédération fait face?
Pour commencer, la construction du temple de Shaolin nous avait fait tellement suer. L’ambassade de la Chine au Burundi avait accepté de sponsoriser la construction de ce temple. On avait même entamé la construction à Kinindo mais je ne saurais pas définir ce qui est venu pour interrompre la construction. Nous nous sommes donnés corps et âme pour palier à ce problème.
Après, un nouveau terrain nous a été octroyé à Kiyange dans le quartier miroir, mais nous faisons face aux mêmes problèmes. Soit le budget qui nous a été octroyé a rebroussé chemin deux fois puis on nous dit par après que le temple sera construit dans les enceintes du confucius à l’université du Burundi. Ce qui traduit que cette infrastructure ne sera plus la nôtre.
Et puis, nous faisons face à ce problème de fonds, car la rentabilité de nos investissements est loin d’être équivalente aux dépenses.
L’art emprunté de la chine, le kung-fu, avec cette fédération se développe très rapidement sur le territoire burundais. Selon le Shifu (Maître), Nininahazwe cet art est praticable aujourd’hui dans 6 provinces dont Bujumbura, Cankuzo, Cibitoke, Gitega, Muyinga et Ngozi. Sans toutefois être exhaustif, le mois dernier, plus de 350 personnes se sont fait inscrire ici à Bujumbura.
A lire aussi : Les ambassadeurs du kung-fu burundais rentrent de Chine après trois mois au monastère Shaolin
Joe Senghor