Le Docteur Denis Mukwege a été reçu, le samedi 5 mars 2022 au château de Laeken, par le couple royal de Belgique, le Roi Philippe et la Reine Mathilde. Mais, rien n’a filtré de cette rencontre.
Cette rencontre entre leurs Majestés de Belgique et l’homme qui répare les femmes dans la partie Est de la RDC est intervenue quelques jours après le report de la visite de ce couple royal dans la capitale congolaise. Ils devraient séjourner à Kinshasa du 6 au 10 mars de cette année.
Ils avaient reporté leur visite en raison de l’invasion de l’Ukraine et de la crise qu’elle génère, il a été décidé, en étroite concertation avec le Chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi.
Cette visite, à l’invitation du Président Tshisekedi, était prévue en compagnie du Premier Ministre Belge, Alexander De Croo, de la Ministre des Affaires Étrangères, Sophie Wilmes et de la Ministre de la Coopération au Développement, Meryame Kitir.
Cela aurait été la première visite royale en RDC depuis celle du Roi Albert II pour le 50ème anniversaire de l’indépendance de la RDC en 2010. Ce report est le troisième consécutif, après de premiers reports en 2020 et 2021 pour raisons sanitaires.
Une justice transitionnelle
En RDC, le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege ne cesse guerre de réclamer justice pour les victimes des violences sexuelles dans la partie Est du pays. Pour ce faire, il préconise la mise en place d’une justice transitionnelle, une stratégie qui mettra à l’avant les réformes institutionnelles en vue de barrer la route à la répétition des actes criminels des ennemis de la paix en RDC.
Selon lui, la culture de l’impunité, qui règne toujours, reste l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix en RDC et elle explique (en grande partie) la perpétuation des atrocités de masse jusqu’à ce jour dans ces provinces.
Le lauréat du prix Nobel de la paix avait invité le système des nations unies à mettre en place «sans plus tarder» une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle dans son pays.
Pas plus loin que le mercredi 2 mars dernier à Lubumbashi, Denis Mukwege avait plaidé pour la fin de l’impunité et l’instauration de cette justice en faveur des victimes des violations sexuelles en RDC.
Au cours d’une conférence organisée à Lubumbashi axée sur «le viol comme arme de guerre», l’homme qui répare les femmes avait expliqué l’assistance que le viol était un crime invisible longtemps ignoré. Les victimes ne peuvent pas s’exprimer de peur qu’elles ne soient sanctionnées pour la deuxième fois par la communauté.
La nomination controversée de Tony Tambwe Ushindi
La nomination de Tony Tambwe Ushindi comme coordonnateur du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation. Dans une déclaration publiée le mardi 10 août 2021, le Docteur Dénis Mukwege avait tiré la sonnette d’alarme.
Pour lui, le Président de la République Félix Tshisekedi a très mal repéré l’homme qui devrait dorénavant canaliser les aspirations des congolais de voir la paix revenir à l’Est du pays. Selon les révélations du Prix Nobel de la paix, Tony Tambwe Ushindi est un ancien chef-rebelle, au vrai sens du terme, ayant occasionné la mort de milliers de congolais durant son passage au RCD-Goma, au M-23 et à l’ALEC.
En lieu et place de tourner si facilement la page d’un passé cauchemardesque dont les dégâts sont encore visibles, le Docteur Dénis Mukwege préconise la mise en place d’une justice transitionnelle, une stratégie qui mettra à l’avant les réformes institutionnelles en vue de barrer la route à la répétition des actes criminels des ennemis de la paix en République Démocratique du Congo.
Pour le Prix Nobel de la paix, cette nomination parait donc comme un sacrilège vis-à-vis de ceux-là qui se sont endormis à cause de cet ancien seigneur de guerre. D’où, son appel à l’assainissement des Institutions du pays.
Rappelons qu’en 2018, le Dr Mukwege a reçu le prix Nobel de la paix pour « … son plaidoyer contre la violence sexuelle comme arme de guerre et pour ses services exceptionnels aux survivants de viol».
Christian Okende