En Guinée, des échauffourées ont éclaté lundi à Conakry, la capitale, et certaines villes de l’intérieur du pays restent paralysées.
Mais pourquoi, y-a t-il une nouvelle crise politique en Guinée?
Ancien opposant historique, le président Alpha Condé, 81 ans, est le premier président démocratiquement élu du pays.
Son deuxième et dernier mandat s’achève en octobre 2020.
La tension n’a cessé de monter depuis l’appel à la manifestation lancé il y a une semaine par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
Ce collectif dénonce un projet de révision de la Constitution évoqué par le pouvoir.
Il permettrait à Alpha Condé de se présenter fin 2020 pour un troisième mandat.
La Constitution limite le nombre de mandats à deux.
Le FNDC a appelé à de nouvelles manifestations mardi, au lendemain d’une première journée de mobilisation sanglante.
Le bilan provisoire des manifestations s’établit à trois morts par balle selon des témoins et plusieurs blessés dont un gendarme.
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« Non à un troisième mandat »
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile, a appelé les Guinéens sur les réseaux sociaux à continuer à manifester « jusqu’à l’abandon total du projet de troisième mandat et l’arrêt de la mascarade électorale visant à octroyer au parti présidentiel la majorité nécessaire à l’adoption d’une nouvelle Constitution ».
Dans un communiqué, le FNDC assure que son appel à la mobilisation a été très largement suivi lundi et a provoqué une « paralysie totale » des activités sur tout le territoire.
Il dénonce « la répression sanglante » de la contestation, les « dérives autoritaires » du pouvoir et réclame la libération de ses dirigeants arrêtés depuis samedi.
La quasi-totalité des quartiers périphériques de Conakry a été la proie d’affrontements entre petits groupes dressant des barricades, incendiant des pneus, lançant des pierres, et des centaines de policiers et gendarmes répliquant par des tirs de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes, mais aussi à balle réelle.
Le FNDC a accusé le gouvernement mardi sur les réseaux sociaux de préparer la dissolution, « dans les jours à venir, de toutes les organisations de la société civile » opposées à un changement de la Constitution.
Condé veut-il briguer un 3ème mandat ?
Ses opposants en sont convaincus : le président veut faire sauter le verrou constitutionnel et rester à la tête du pays.
Mais les actes que pose Alpha Condé ne démentent pas cette volonté qui lui est prêtée.
En visite à New York, le 22 septembre dernier, il a appelé les Guinéens à se préparer à un référendum et à des élections.
Ce qui conforte ceux qui craignent que le président refuse de quitter le pouvoir en 2020, à la fin de son deuxième et dernier quinquennat.
Elu en 2010, Alpha Condé a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats dans différents discours.
Début septembre, son Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, a été chargé d’organiser de larges « consultations » portant en particulier sur la constitution.
Ces consultations sont boycottées par les principaux partis d’opposition qui les qualifient de « mascarade ».
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Que disent les opposants ?
Confinés dans leur domicile par des forces de l’ordre, les principaux opposants au président Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré n’ont pas pu participer aux manifestations.
Mais ils ont réagi aux échauffourées qui ont fait au moins trois morts.
Le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a longtemps accusé Alpha Condé d’utiliser « trois instruments pour arriver à ses fins ».
« C’est l’intimidation, la répression et la corruption. Des sommes d’argent sont déversées partout à l’intérieur pour acheter les leaders d’opinion, les élus afin qu’ils soutiennent cette affaire de troisième mandat », a dénoncé l’opposant.
Pour sa part, le président de l’Union des Forces Républicaines-UFR, Sidya Touré, est déterminé à faire barrage au projet de révision constitutionnelle.
« Je demande aux Guinéens de continuer à manifester, et à bloquer les voies jusqu’à ce que ce pouvoir comprenne qu’on ne nous imposera pas une dictature par la force », a déclaré l’ancien Premier ministre.
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