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Comment les puissances étrangères ont stoppé les pirates somaliens

Les marines étrangères ont joué un rôle clé dans la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.

Sur une plage à Hordeia, sur la côte nord de la Somalie, j’ai demandé à un ancien pirate ce qui l’avait attiré vers la piraterie.

L’homme, qui voulait rester anonyme, m’a dit qu’il était à l’origine pêcheur et que c’était sa principale source de revenu, mais les choses ont changé quand un chalutier clandestin a détruit son filet.

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« J’avais un bateau et un filet dessus, puis un chalutier a coupé nos filets de pêche et les a retirés. On m’a laissé un bateau vide », se souvient-il.

Lui et un autre pêcheur ont essayé de crier et d’appeler l’équipage du chalutier, mais en vain. Ça les a mis en colère !

« Ils sont passés par-dessus nos filets et les ont retirés. Notre équipement de pêche a été détruit. »

L’histoire de l’ancien pirate n’est pas inhabituelle.

Dans la seconde moitié de la dernière décennie, ce qui a commencé comme un acte défensif contre les gros chalutiers s’est rapidement transformé en une activité illégale lucrative qui a soulevé des préoccupations à l’échelle mondiale.

Lorsque lui et d’autres pêcheurs ont perdu leurs moyens de subsistance, ils se sont tournés vers la piraterie, détournant des navires et des passagers pour obtenir une rançon.

Une chute dramatique

Elle a également attiré d’anciens miliciens qui ont combattu aux côtés des seigneurs de guerre pendant la longue guerre civile en Somalie.

Je voulais en savoir plus sur son activité en tant que pirate, mais il était subitement perturbé et a brusquement mis fin à l’interview.

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Ce qui semblait le mettre mal à l’aise, c’était un soldat des forces spéciales espagnoles qui cherchait son chemin.

La sécurité autour de la plage était renforcée et très étroite alors qu’un hélicoptère planait dans le ciel.

L’hélicoptère fait partie de la Force navale de l’Union européenne (EUNavfor).

Il donne un indice de ce qui a changé au cours des dernières années et qui a considérablement réduit la menace de la piraterie.

Il y a dix ans, les pirates opéraient librement et il y avait beaucoup de cachettes pour eux le long de la côte, comme Eyl, une petite ville portuaire pittoresque dans la région semi-autonome du Puntland, en Somalie.

En approchant d’Eyl, j’ai vu la ville près de la plage, juste en face d’une haute et spectaculaire falaise d’un brun doré.

La falaise semble protéger la ville du vent et de la poussière qui viennent du continent.

Un dangereux passage maritime

Les gens du coin m’ont raconté l’époque où, il y a des années, les pirates ont inondé le marché d’argent, ce qui a fait grimper le coût de la vie.

Armés, ils ont également terrorisé la communauté locale, mais ils ont rarement tué quelqu’un.

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Ils ont également retenu certains des marins qu’ils ont pris en otage en exigeant d’énormes rançons, parfois des centaines de milliers de dollars.

La possibilité de s’enrichir énormément semble avoir été le principal moteur de la piraterie au large des côtes somaliennes.

Mais c’est l’absence d’un gouvernement central efficace depuis l’effondrement du régime de Siad Barre en 1991 et le démantèlement subséquent de la marine somalienne qui a permis le développement de la piraterie.

Les eaux territoriales somaliennes ont connu une augmentation de la contrebande, de la pêche illégale par des chalutiers étrangers, du trafic illégal de biens et plus tard de la piraterie.

La route à travers l’océan Indien au-delà de la côte somalienne est devenue l’un des passages maritimes les plus dangereux au monde.

Mohamed, ancien pirate somalien à la quête d’une nouvelle vie

Mais il y a dix ans, l’Union européenne, l’OTAN et d’autres pays ont commencé à déployer des forces navales dans la région peu après que le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé les navires de guerre à pénétrer dans les eaux territoriales somaliennes.

Les attaques de pirates ont maintenant pratiquement cessé, après avoir atteint un pic inquiétant en 2011.

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Je voulais voir comment ce changement s’était produit et j’ai passé sept jours à bord de l’ESPS Castilla, un navire militaire espagnol qui fait partie d’EUNavfor.

Le deuxième jour à bord, le petit déjeuner a été interrompu et nous avons été conduits jusqu’à la passerelle du navire.

Un bateau avait été repéré au loin.

« Nous ne pensons pas que ce soit suspect, mais nous effectuons des « approches amicales » dans le cadre de patrouilles en mer », explique un officier.

Après un bref briefing, environ cinq marins se sont préparés et sont descendus du navire de guerre sur un bateau en attente.

Nous avons suivi sur un deuxième bateau, en gardant nos distances.

Une zone riche en poissons

Dès que le bateau espagnol s’est approché des pêcheurs, une fouille rapide a été effectuée.

« Le navire vient du Yémen, mais l’équipage vient pour la plupart de Somalie », a expliqué l’officier à bord de notre bateau après avoir écouté la communication radio.

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Finalement, nous avons été autorisés à monter à bord du bateau de pêche.

Les pêcheurs, environ huit d’entre eux, étaient alors détendus et plaisantaient en buvant de l’eau dans des bouteilles que leur avaient données les forces spéciales.

« Il y a un bon marché pour le poisson au Yémen, c’est pourquoi nous y vendons nos prises », explique Osman Ali.

Il a dit qu’il avait l’habitude de pêcher au large des côtes de la Tanzanie, mais qu’il était attiré plus au nord en raison de la richesse des stocks de poissons dans les eaux somaliennes.

« Mais je n’ai pas vu de pirates », a-t-il dit nerveusement en changeant rapidement de sujet.

« Tous les pêcheurs qui travaillent ici se connaissent et s’il y a un problème de sécurité, ils alertent rapidement leurs collègues et se dirigent vers des eaux plus sûres », a-t-il ajouté.

« Parfois, nous rencontrons de mauvaises personnes qui volent nos outils et nos poissons, mais la présence du navire de guerre a amélioré les choses » souligne Osman Ali.

Un bateau attaqué

Un autre jour, on a appris qu’un navire de marchandises avait été attaqué à 300 milles marins à l’est de la capitale de la Somalie, Mogadiscio.

Un petit bateau, ou yole, s’est approché à moins de 50 m du navire et a tiré.

Mais la sécurité à bord a riposté, effrayant le petit bateau.

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La Castille était trop loin pour intervenir, mais le lendemain, la yole a été tracée jusqu’à une baie qui est une base pirate connue, juste au large des côtes somaliennes.

Les forces espagnoles ont remorqué la yole dans la mer et l’ont ensuite fait exploser.

Ce n’était que le deuxième incident signalé en 2018.

Les deux attaques ont été infructueuses.

Quant à la ville d’Eyl, une révolte avait forcé les pirates à partir.

Le retour à la pêche

Le commissaire de police d’Eyl, Mohammed Dahir Yusuf, s’est montré confiant quant à la capacité de la ville à faire face à toute forme de résurgence de la piraterie.

« Tous les bateaux illégaux sont pris en charge par les forces maritimes qui les attrapent et les amènent ici ».

Il fait référence à la Police maritime du Puntland, qui compte environ 800 hommes, et qui est la plus grande unité de ce type dans le pays.

Mais ses capacités sont limitées.

« Nous n’avons pas assez de bateaux pour aller en mer », a déclaré M. Yusuf.

Il a ajouté que la force ne disposait que de deux petits bateaux, ce qui est à peine suffisant pour patrouiller de façon adéquate dans la vaste mer et appréhender les suspects.

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Ce n’est pas le seul défi.

Marco Hekkens, conseiller en matière de sécurité maritime auprès de la mission civile de l’UE en Somalie, a déclaré que la pêche illégale se poursuit.

En Somalie, Reeyan Ali conjugue la pêche au féminin.

L’EUNavfor peut signaler les navires de pêche suspects aux autorités, mais étant donné la capacité limitée de la Somalie à y faire face, presque rien n’est fait.

Le contre-amiral Alfonso Perez de Nanclares est également prudent malgré le succès de la lutte contre la piraterie.

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« Au début de la mission, nous avions environ 40 navires détournés et plus de 700 otages », m’a-t-il dit.

« La piraterie a été contenue, mais je pense vraiment que l’intention de revenir à cette activité est toujours là. Je pense qu’en travaillant ensemble [avec les autorités] nous serons capables de l’éliminer. »

De retour à Hordeia, avant que le pirate réformé ne se dégonfle, il m’a dit qu’il était retourné pêcher.

Mais le risque existe toujours que le cycle de la piraterie se répète.

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