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RDC : les religieux mènent la lutte contre Ebola

Envoyé spécial à Goma, Gaïus Kowene

Bien qu’il n’y ait plus maintenant de cas confirmé d’Ebola dans la ville de Goma – située à la frontière avec le Rwanda -, les leaders religieux utilisent leur influence pour sensibiliser les populations.

Comme tous les dimanches, l’église Arche de l’Alliance de Goma rassemble des milliers de personnes pour le deuxième culte. Certains fidèles se saluent en se cognant les coudes, d’autres par un simple signe de la main à distance.

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Après un bref séjour dans la ville d’un pasteur décédé la semaine dernière de la maladie à virus Ebola, la vigilance dans toutes les églises s’impose.

« Nous avons trois grandes entrées où nous avons mis des gens munis de détecteurs de température. Nous avons aussi des points de lavage un peu partout dans la cour et dans les grandes entrées », explique Jean-Baptiste Kamba, pasteur à l’église Arche de l’Alliance.

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Image caption Le père Lucien Ambunga, un prêtre qui a survécu au virus Ebola, accueille un fidèle à l’église Saint Joseph d’Itipo, en RDC.

« Nous sensibilisons les gens sur l’importance d’avoir des désinfectants dans leur voiture et à la maison. Comme ça, on ne fait pas la prévention seulement à l’église, mais à la maison aussi. Et ça évite toutes la contamination », assure le pasteur Kamba.

La plupart des fidèles acceptent de se laver les mains. Mais un homme aux cheveux blanchâtres, lui, s’y oppose et rebrousse chemin.

Pour lui, la foi en Dieu est plus efficace que l’eau et le désinfectant. Une attitude que fustige le pasteur Janvier Bakungu de l’église Philadelphie Keshero.

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« Dieu nous dit d’avoir la foi, de prier le Seigneur de nous aider à éradiquer cette maladie de la villa de Goma et de toute la province du Nord-Kivu. Dieu nous dit aussi de nous servir de notre intelligence. Cela veut dire quoi ? C’est respecter les codes de conduite que nous recevons des sensibilisateurs pour nous aider à éviter cette grave maladie », recommande le pasteur Bakungu.

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Image caption En RDC, la lutte contre Ebola est menée aussi dans les églises.

Impliquer activement les leaders religieux dans la lutte contre l’épidémie de fièvre Ebola peut facilement briser la résistance communautaire. Mais comme le déclare Deogratias Mweka, coordonateur de la riposte Ebola à l’ONG Tear Fund, le « divisionnisme » est à éviter.

« Ce qu’il faut éviter lorsqu’on engage les chefs religieux, c’est de mettre de côté le clivage religieux, parce que la maladie n’a pas de religion. Raison pour laquelle il faudra qu’on puisse impliquer tout le monde, sans distinction. Il y a aussi des religions traditionnelles », conseille M. Mweka.

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A Goma, les fidèles doivent désormais s’habituer à communier sans se toucher physiquement, afin de ne pas allonger la chaîne de transmission de la maladie à virus Ebola.

L’épidémie d’Ebola ravage les provinces du Nord-Kivu, dont Goma est la principale ville, et de l’Ituri.

Plus de 2 500 personnes ont contracté la maladie en RDC, et plus de 1 700 en sont mortes depuis près d’une année.

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