L’Ouganda est la dernière équipe de la Coupe d’Afrique des Nations à s’être retrouvée mêlée à un différend sur les paiements.
Deuxième du Groupe A derrière l’Egypte, pays hôte, et devant la RD Congo, les Cranes vont disputer vendredi les huitième de finale contre le Sénégal.
Mais leurs joueurs ont boycotté l’entraînement mardi.
La fédération ougandaise, la Fufa, a déclaré que les joueurs tentaient de « renégocier » leur rémunération.
Il s’agit de la quatrième dispute salariale concernant des équipes engagées dans cette compétition.
De même, le Nigeria avait refusé de s’entraîner après n’avoir pas reçu la prime de match de 10 000 dollars qui lui avait été promise.
Pendant ce temps, le Cameroun est arrivé en Egypte en retard après une dispute sur les bonus.
Les joueurs avaient refusé de prendre l’avion – la même tactique qu’ils avaient employée lors de la Coupe du Monde 2014.
On craignait aussi que le match d’ouverture n’ait pas lieu après que la sélection zimbabwéenne a laissé entendre que les joueurs avaient menacé de boycotter le match contre l’Égypte, pays hôte.
Mais le match a finalement eu lieu.
Exercer une pression
Pourquoi ces grèves affligent-elles continuellement les équipes africaines lors des grands tournois ?
En un mot – l’effet de levier.
Les principes des paiements varient selon les étapes.
Plus une équipe va loin dans un tournoi, plus le montant qu’elle reçoit est élevé.
Ainsi, le succès dans les grands championnats a le potentiel de générer des revenus pour la fédération de football d’un pays.
En théorie, une partie de cet argent devrait être versée aux joueurs sous forme de bonus – ils devraient également recevoir de l’argent après la qualification.
Pour les joueurs évoluant dans les grandes ligues européennes, ces paiements ne représentent pas nécessairement un montant énorme par rapport au salaire dans leur club.
Tous les joueurs anglais, par exemple, ont fait don de leurs bonus aux demi-finales de la Coupe du Monde 2018 à des associations caritatives.
Mais pour les joueurs qui évoluent dans les championnats africains, ces paiements représentent beaucoup d’argent.
En effet, lors de la saison dernière du championnat au Cameroun, non seulement les bonus mais aussi les salaires n’étaient pas payés, ce qui a obligé les joueurs des principales divisions du pays à déclencher une série de grèves.
Finalement, l’ancien capitaine des Lions indomptables, Geremi Njitap, a porté plainte directement auprès de la Fifa, ce qui a permis de résoudre le problème.
Mais l’épisode a mis en lumière l’importance que les bonus des tournois internationaux a pour certains joueurs.
Parfois, cependant, on ne retrouvent plus les traces de ces paiements après les tournois.
Certaines fédérations de football ont peu de comptes à rendre ; d’autres sont gérées de manière opaque – et finissent même par être suspendues par la Fifa.
Au fil du temps, les joueurs sont devenus profondément méfiants à l’égard des fédérations de football qui les choisissent pour représenter les couleurs nationales.
Ainsi, conscients qu’après un tournoi, leur capacité à exercer une pression individuelle est fortement diminuée, ils frappent avant le début de la compétition.
En menaçant de ne pas jouer, les joueurs créent une double contrainte pour leurs pays.
Non seulement cela nuirait à leur image, mais cela réduirait aussi considérablement les fonds destinés aux fédérations.
Cette tactique s’est avérée efficace au fil des ans, puisqu’elle a été employée par au moins une équipe africaine à chaque Coupe du Monde depuis 1990.
De plus, au fil des ans, des stars comme George Weah ou Didier Drogba ont été beaucoup plus en vue que les fédérations de football de leur pays et n’ont pas eu peur d’utiliser leur aura pour soutenir leurs coéquipiers moins connus.
En effet, lors de certains tournois, le chef de l’Etat a dû intervenir personnellement pour que les choses reprennent.
Le cas le plus connue, au Brésil en 2014, des paiements de 100 000 dollars pour le Ghana ont été effectués par avion, en espèces dans des porte-documents, et déchargés à l’aéroport de Rio – où les autorités brésiliennes ont prélevé un impôt de 17 %, avant que l’argent ne parvienne aux joueurs.
Rien de tel ne s’est produit en Égypte, mais les différends ne semblent pas pour autant s’apaiser de sitôt.