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Le tabac : mythes et réalités

The Dutch medical researcher Everard, or Gilles Everaerts in Dutch Copyright de l’image Getty Images
Image caption Le chercheur néerlandais Giles Everard Everard croyait que le tabac était si puissant qu’il rendrait certains médecins inutiles.

Au cours des siècles, le tabagisme a suscité beaucoup de controverses. A l’occasion de la célébration, le 31 mai, de la Journée mondiale sans tabac, cette série d’images nous rappelle comment le tabac a été vu au cours des siècles.

Considéré comme un stimulant qui peut sauver des vies, le tabac fait ensuite l’objet d’une répulsion : il est devenu « l’herbe mortelle ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue jusqu’à la moitié de ses consommateurs. Chaque année, six millions de personnes meurent des suites de l’usage qu’ils font du tabac.

Près de 900 000 non-fumeurs meurent à cause du tabagisme passif, l’exposition à la fumée du tabac.

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Pourtant, pendant de nombreux siècles, fumer était considéré comme une habitude saine. Et la nicotiana tabacum, la plante de tabac, a été surnommée « l’herbe sacrée », puis « le remède de Dieu », au 16ème siècle.

Faisant écho à une croyance répandue à cette époque-là, le chercheur néerlandais Giles Everard croyait que les avantages de la « nicotiana tabacum » étaient de nature à réduire les besoins d’effectifs de médecins.

« La fumée même est considérée comme un grand antidote contre tous les venins et les maladies pestilentielles », écrivait-il dans son livre publié en 1587, « Panacea ou la médecine universelle comme découverte des vertus merveilleuses du tabac dans une pipe ».

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Image caption La plupart des espèces de tabac sont originaires des Amériques, où elles étaient utilisées comme remèdes avant l’arrivée des Européens au XVe siècle.

Selon un article du professeur Anne Charlton, paru dans le « Journal of the Royal Society of Medicine », le navigateur génois Christophe Colomb a été le premier Européen à connaître des habitudes de consommation de tabac à des fins médicales.

En 1492, il a remarqué que le tabac était fumé à l’aide de pipes, dans des îles correspondant maintenant à Cuba, Haïti et les Bahamas. Parfois, les feuilles étaient brûlées dans des torches pour aider à désinfecter les lieux et à prévenir les maladies et la fatigue.

Le tabac, mélangé à la chaux ou à la craie, était également utilisé comme dentifrice dans un espace correspondant aujourd’hui au Venezuela. Une pratique qui prévaut encore en Inde et dans d’autres parties du monde.

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Image caption Les médecins et les apothicaires européens s’intéressaient aux usages que la médecine pouvait faire du tabac.

L’explorateur portugais Pedro Álvares Cabral, arrivé au Brésil en 1500, rapporte que le betum – comme on l’appelait parfois – était utilisé pour soigner les abcès ulcéreux, les polypes intestinaux.

Et en Nouvelle-Espagne (devenu le Mexique), le missionnaire franciscain Bernardino de Sahagún a appris des médecins locaux que les maladies affectant les glandes du cou pouvaient être guéries avec des feuilles de tabac chaud broyées avec du sel.

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Image caption Au 19ème siècle, les médecins qui étudiaient l’anatomie étaient encouragés à fumer pour ne pas sentir les odeurs des cadavres.

Les médecins et apothicaires européens se sont rapidement intéressés à l’usage du tabac en médecine.

Au cours des siècles suivants, selon la Wellcome Collection, un musée rattaché à une bibliothèque dédiée à la santé, une pipe, comme une cigarette, était devenu un accessoire nécessaire pour le médecin, le chirurgien ou l’étudiant en médecine, surtout dans les salles de dissection.

Il était conseillé à l’anatomiste de fumer librement pour ne pas sentir l’odeur des cadavres et se protéger des maladies qu’ils peuvent engendrer.

Lors d’une épidémie de peste à Londres en 1665, les enfants ont reçu l’ordre de fumer du tabac en classe.

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Image caption La fumée de tabac était utilisée comme un moyen de prévention lors de l’épidémie de peste en 1665 à Londres.

On croyait que la fumée protégeait contre les miasmes invisibles, qui étaient considérés par certains comme des vecteurs de la maladie.

Les personnes chargées de l’enterrement des corps fumaient une pipe en terre pour éviter la peste. Mais certains, parmi les plus enthousiastes, s’interrogeaient sur l’efficacité du tabac comme remède.

Le médecin anglais John Cotta, auteur de livres sur la médecine et la sorcellerie, déclare en 1612 que le tabac, considéré alors comme une panacée, pourrait être à l’origine « de nombreuses maladies ».

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Image caption Au 18ème siècle, on administrait du tabac aux victimes de noyade pour les ranimer.

Malgré ces informations, la demande de tabac est demeurée élevée et les apothicaires ont cherché à s’approvisionner en grande quantité.

La trousse de lavement, utilisée pour souffler de la fumée de tabac dans le rectum des victimes de noyade, était l’un des usagers médicaux les plus inhabituels qu’on faisait du tabac.

Les médecins croyaient que la fumée de tabac réduisait le froid et la somnolence, en même temps qu’elle procurait chaleur et stimulation. Des kits gratuits étaient disponibles le long de la Tamise, pour assurer les urgences en cas de noyade.

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Image caption Camel était la cigarette de choix des médecins.

Le soufflage de la fumée de tabac dans l’oreille était également recommandé pour les maux d’oreilles au 18ème siècle.

Après l’isolement de la nicotine des feuilles de tabac en 1828, le monde médical a cessé de recourir au tabac, jusque-là considéré comme un remède à plusieurs maladies.

Mais les traitements médicaux à base de tabac sont restés disponibles, y compris les applications rectales contre la constipation, les saignements hémorroïdaux et les vers.

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Alors que les problèmes de santé liés au tabagisme commençaient à prendre forme dans les années 1920 et 1930, la marque de cigarettes Camel a tenté de rassurer les consommateurs en affirmant que les médecins recommandaient de fumer et fumaient eux-mêmes Camel.

Selon le fabricant de la marque, fumer était également recommandé par les chanteurs pour débarrasser la gorge des « impuretés ».

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Image caption Cette publicité prétend que « vous avez besoin de cette protection (…) qui ne peut être assurée que par une légère fumée ».

Au cours des 30 dernières années, les effets nocifs du tabagisme sont devenus évidents, tout comme la question du tabagisme passif.

Cela a conduit de nombreux pays à interdire l’usage du tabac dans les espaces publics fermés. Les campagnes de sensibilisation recourent de plus en plus à des techniques de diffusion de leur message auprès du public.

Certains pays ont rendu obligatoire l’apposition sur les emballages de cigarettes d’images poignantes de patients en phase terminale à cause d’un cancer du poumon, de maladies cardiovasculaires et d’autres maladies causées par le tabac.

En Angleterre, une poupée appelée « Smokey Sue » a été utilisée pour sensibiliser les femmes enceintes aux méfaits du tabagisme sur le fœtus.

Copyright de l’image Science Museum London

Image caption Cette poupée conçue dans un but éducatif illustre l’évacuation de la fumée vers le fœtus.

Récemment, les cigarettes électroniques sont de plus en plus utilisées comme une alternative aux cigarettes traditionnelles.

Il s’agit d’appareils alimentés par des piles rechargeables, qui vous permettent d’inhaler de la nicotine dans une vapeur plutôt que dans la fumée de tabac.

Les cigarettes électroniques ne produisent pas de goudron, ni de monoxyde de carbone, deux des éléments les plus nocifs de la fumée de tabac. Mais elles ne sont pas totalement inoffensives, selon le British National Health Service (NHS).

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Vapoter – utiliser les cigarettes électroniques – n’est pas exempt de controverse non plus. Philip Morris International, la plus grande compagnie mondiale de cigarettes, qui se déploie sur le marché de la cigarette électronique, et Juul, ont été poursuivis en justice aux Etats-Unis, accusés de cibler les jeunes par des campagnes de marketing, avec l’aide des réseaux sociaux.

Les régulateurs américains ont également sévi contre les détaillants, qui facilitent l’achat de cigarettes électroniques par les enfants et les adolescents.

Copyright de l’image Getty Images

Image caption Les cigarettes électroniques sont moins nocives, mais les fabricants ont été accusés de les commercialiser auprès des jeunes.

L’Organisation mondiale de la santé considère le tabac comme une « épidémie » et « l’une des plus grandes menaces pour la santé publique que le monde ait jamais connues ».

Elle exhorte les pays à adopter des politiques visant à prévenir l’usage du tabac, telles que la restriction des publicités et des campagnes de sponsoring soutenues par des fabricants de cigarettes. L’OMS recommande aussi l’augmentation des taxes sur les cigarettes.

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L’OMS déclare que l’usage du tabac est en baisse : 20 % de la population mondiale fumait en 2016, contre 27 % en 2000. Mais ce rythme est insuffisant pour atteindre les objectifs fixés au niveau international en matière de lutte contre le tabagisme.

Il y a 1,1 milliard de fumeurs adultes dans le monde, dont 80 % dans les pays à revenu moyen et faible.

Regardez ce reportage de BBC Afrique sur le recours aux images choquantes sur les paquets de cigarettes, dans le but de décourager les fumeurs :

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Sénégal: des images choquantes sur les paquets de cigarettes

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