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Lune de miel entre l’Éthiopie et la Chine en marge du sommet des  »Routes de la soie »

La Chine a ''annulé les intérêts sur les prêts éthiopiens". Copyright de l’image Getty Images
Image caption La Chine a  »annulé les intérêts sur les prêts éthiopiens ».

La Chine a  »annulé les intérêts sur les prêts éthiopiens » et a accepté d’investir 1,8 milliard de dollars afin d’améliorer notamment l’électricité sur la ligne entre l’Éthiopie et Djibouti, en marge du sommet  »Initiative ceinture et route ».

Selon les autorités éthiopiennes, la Chine a annulé les intérêts sur tous les prêts contractés avant la fin de l’année 2018.

Le cabinet du Premier ministre Abiy Ahmed a fait cette annonce à la suite d’une rencontre avec le président Xi Jinping à Beijing.

Les chercheurs estiment que depuis 2000, l’Éthiopie a emprunté plus de 12 milliards de dollars US (9 milliards de livres sterling ou 6 300 milliards de francs CFA) à la Chine – dont 4 milliards de livres sterling pour un chemin de fer reliant Addis-Abeba à Djibouti.

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Plus de transparence

L’Éthiopie n’est pas le premier pays d’Afrique à voir son fardeau financier allégé. Au début de cette année, la Chine a effacé 78 millions de dollars de dettes pour le Cameroun.

Le montant des intérêts, qui n’a pas été rendu public, est devenu une préoccupation majeure des militants anti-dette.

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Image caption Dans un tweet, le cabinet du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré aussi que la Chine avait accepté d’investir 1,8 milliard pour améliorer notamment l’électricité sur la ligne entre l’Éthiopie et Djibouti.

Ils demandent que les prêts soient transparents, car de nombreux pays africains ont été écrasés dans le passé par des dettes insoutenables.

Selon Jean-Raphaël Chaponnière, économiste spécialiste de la Chine, chercheur associé à Asie21 et membre d’Asia Centre, contacté par BBC Afrique,  »la dette publique éthiopienne, c’est 40 % du PIB qui est lié à des créances chinoises. C’est l’un des pays les plus endettés vis-à-vis de la Chine ».

Un accord de 1,8 milliard de dollars sur l’électricité

Dans un tweet, le cabinet du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré aussi que la Chine avait accepté d’investir 1,8 milliard pour améliorer l’électricité sur la ligne entre l’Éthiopie et Djibouti, et augmenter l’approvisionnement en électricité des villes éthiopiennes et de 16 parcs industriels.

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L’économiste Jean-Raphaël Chaponnière n’est pas surpris :  »Le taux d’investissement de l’Éthiopie n’a rien à voir avec celui de l’Afrique. C’est 30 % du PIB, un taux plutôt asiatique ».

Mais il avertit :  »Tout ces investissements qui ont été faits, s’ils ne produisent pas au bout d’un certain temps une montée de la productivité et une transformation structurelle dans le pays, ce dernier ne pourra pas rembourser (…) le niveau d’industrialisation en Éthiopie est encore très faible, beaucoup plus faible que le reste de l’Afrique ».

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Image caption Selon Jean-Raphaël Chaponnière, économiste spécialiste de la Chine, chercheur associé à Asie21 et membre d’Asia Centre, l’Éthiopie est l’un des pays les plus endettés vis-à-vis de la Chine ».

L’accord a été conclu en marge du sommet sur le programme  »Initiative ceinture et route », auquel M. Abiy et une quarantaine d’autres dirigeants participent depuis jeudi 25 avril, et jusqu’à samedi 27 avril dans la capitale chinoise, Pékin.

 »Les nouvelles routes de la Soie » sous le feu des critiques

Officiellement baptisé « Initiative ceinture et route », ce projet colossal d’infrastructures terrestres et maritimes du président chinois Xi Jinping vise à améliorer les liaisons entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

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Avec un financement de plus de 1 000 milliards de dollars, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a salué jeudi 25 avril le « cadre pour un endettement supportable ».

Pourtant, les pays occidentaux soupçonnent le projet d’être un moyen pour la Chine de couvrir ses besoins en matières premières et de se débarrasser de ses productions excédentaires sur des pays pauvres, invités à s’endetter auprès des banques chinoises comme la China Exim Bank – principale banque publique à l’exportation – pour construire des infrastructures profitant aux firmes chinoises.

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Image caption En réponse, lors du sommet, Xi Jinping, le chef de la deuxième économie mondiale, a plaidé en faveur de projets qui soient « viables budgétairement » pour les nations bénéficiaires.

Jean-Raphaël Chaponnière relativise et explique que même si  »jusqu’à présent la Chine avait privilégié la faisabilité technique au détriment de la rentabilité publique, la Chine n’est pas la cause principale des pays endettés ».

 »Un piège de la dette »

Pékin dément que son initiative constitue « un piège de la dette » pour les pays bénéficiaires.

Un exemple notoire dans la tête des pays récalcitrants : en décembre 2017, le Sri Lanka, incapable d’honorer ses remboursements, a dû céder à Pékin le contrôle du port en eau profonde de Hambantota pour… 99 ans.

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En réponse, lors du sommet, Xi Jinping, le chef de la deuxième économie mondiale, a plaidé en faveur de projets qui soient « viables budgétairement » pour les nations bénéficiaires.

Jean-Raphaël Chaponnière souligne un  »ralentissement des projets », car  »cette année, la Chine peut se retrouver en déficit de devises courantes, tout ce contexte-là fait que le pays va commencer à veiller à la rentabilité des projets ». Car « la Chine n’a plus la même marge de manœuvre », ajoute-t-il.

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