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Insultes et caméras cachées : les raisons de l’arrestation de Julian Assange

Julian Assange est placé en détention par les autorités britanniques après avoir été renvoyé de l'ambassade de l'Equateur à Londres. Copyright de l’image AFP
Image caption Julian Assange est placé en détention par les autorités britanniques après avoir été renvoyé de l’ambassade de l’Equateur à Londres.

Le président équatorien a donné à la BBC les raisons pour lesquelles son gouvernement a décidé de révoquer le statut de réfugié octroyé à Julian Assange, après lui avoir offert l’asile pendant sept ans.

Lenin Moreno déclare que Julian Assange est un « terroriste de l’information ». Il l’accuse d’avoir jeté des excréments sur les murs de l’ambassade de l’Equateur à Londres.

Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté le 11 avril et est détenu au Royaume-Uni depuis lors, après avoir passé sept ans dans les locaux de la représentation diplomatique équatorienne, bénéficiant de la solidarité du gouvernement de M. Moreno et de la convention internationale garantissant l’inviolabilité des ambassades.

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La Suède envisage de rouvrir une enquête sur les allégations de viol et d’agression sexuelle portées contre le fondateur en 2006 du site d’information WikiLeaks, qui a publié des documents confidentiels compromettants pour plusieurs pays, les Etats-Unis d’Amérique notamment.

Les autorités américaines demandent son extradition pour l’une des plus grandes fuites de secrets d’Etat de l’histoire en 2010.

WikiLeaks a publié des milliers de documents secrets sur plusieurs domaines, de l’industrie cinématographique à la sécurité nationale.

Copyright de l’image EPA

Image caption Le 11 avril, Assange a été jeté dans un fourgon de police, devant l’ambassade de l’Equateur à Londres, après la révocation de son statut de réfugié.

Lenin Moreno déclare avoir révoqué le statut de réfugié d’Assange, après qu’il a été pris en train d' »enduire de ses selles les murs de l’ambassade ».

Il s’est aussi « attaqué à certains des gardes » de la représentation diplomatique, selon M. Moreno.

Le fondateur de WikiLeaks « a installé des caméras » dans les locaux de l’ambassade sans demander l’avis du personnel diplomatique équatorien, selon Lenin Moreno.

« Il est important de dire que le groupe qu’il dirigeait a mis sur écoute et piraté mon téléphone, celui de ma femme. Et (…) ils (Assange et ses collaborateurs) ont publié des photos privées de ma famille, de ma femme et de mes filles », a déclaré le dirigeant équatorien.

« Nous avons mis sa vie au-dessus de tout »

Il conteste que la décision de livrer Assange aux autorités britanniques soit motivée par le fait que Wikileaks avait publié des photos de lui, allongé dans son lit en mangeant du homard après avoir introduit des politiques d’austérité dans son pays.

« C’était mon anniversaire, je regardais le football au lit. C’était un grand jour. Ma femme m’a offert le pyjama que je portais – et le homard – pour célébrer cette journée spéciale pour nous. C’est ça », explique Lenin Moreno.

Image caption Le président équatorien dit que le comportement d’Assange a conduit à la décision de mettre fin à son séjour de sept ans à l’ambassade de l’Equateur.

Assange est entré à l’ambassade de l’Equateur à Londres après que le Royaume-Uni a décidé de l’extrader vers la Suède, où une enquête le concernant, avait été ouverte pour viol et agression sexuelle.

Il soutient que les auteures des plaintes déposées contre lui étaient toutes les deux entièrement consentantes, et qu’on ne cherche qu’à le diffamer.

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Le président équatorien nie avoir été soumis à des pressions venues de gouvernements étrangers pour révoquer le statut d’asile d’Assange.

« Non, en aucun cas. Evidemment, nous avions entamé un dialogue avec le gouvernement britannique, comme nous l’avions fait avec M. Assange et son avocat. Nous avons mis sa vie et ses droits au-dessus de tout, et le fait qu’il n’ait pas été blessé physiquement en est la preuve », argue-t-il.

« A trois reprises, dans trois lettres du gouvernement britannique, nous avons reçu la garantie qu’il ne serait pas extradé vers un pays où il pourrait être torturé ou condamné à la peine de mort », ajoute M. Moreno.

Après son arrestation à l’ambassade équatorienne, Assange a été jugé et condamné pour non-respect des clauses de sa libération sous caution en 2010, par la justice britannique, qui évite de l’extrader vers la Suède.

Un « dangereux précédent »

Sa demande de libération au Royaume-Uni est désormais caduque, mais les autorités suédoises pourraient rouvrir l’enquête le concernant.

Les Etats-Unis ont déposé une demande d’extradition concernant la publication par WikiLeaks d’un grand nombre de documents classés confidentiels.

L’avocate d’Assange, Jennifer Robinson, déclare que son client et elle vont s’opposer à la demande d’extradition américaine. L’extradition de son client risque de créer un « dangereux précédent » pour les journalistes publiant des informations sur les Etats-Unis, dit-elle.

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Image caption Les allégations de viol et d’agression sexuelle portées sur Assange sont des représailles à la publication par Wikileaks de documents confidentiels du gouvernement américain, selon ses partisans.

Pour le président équatorien, Assange n’est pas seulement journaliste. Il le qualifie de « terroriste de l’information »:

« Il ne donne pas l’information qu’il a, il la choisit (…) en fonction de ses engagements idéologiques. Il s’est ingéré dans les affaires du Vatican, dans les élections américaines, dans la question catalane en Espagne, ce qui est inacceptable et ne correspond pas au droit d’asile qui lui est garanti », dénonce Lenin Moreno.

« C’est difficile à dire », a répondu le chef de l’Etat équatorien à la question de savoir si Assange entretenait des liens avec les autorités russes.

« Mais la Russie ne fait partie des pays sur lesquels il a sélectivement révélé des informations », tient à préciser M. Moreno.

Prié de dire s’il croyait qu’Assange était du côté de la Russie, il a répondu : « Je ne sais pas, mais il semble que oui. »

L’avocate d’Assange conteste les allégations du président Moreno:

« Je pense que la première chose à dire, c’est que l’Equateur a fait des allégations assez scandaleuses durant ces derniers jours pour justifier ce qui était un acte illégal et extraordinaire en permettant à la police britannique d’entrer dans une ambassade », a déclaré Jennifer Robinson à la télévision britannique Sky News, dimanche dernier.

Assange a toujours estimé que la publication des documents confidentiels par WikiLeaks relevait de l’intérêt public.

Regardez cette vidéo consacrée au parcours de Julian Assange :

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