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Le Rwanda commémore le 25e anniversaire du génocide

Photos des victimes au Mémorial du génocide, à Kigali Copyright de l’image EPA
Image caption Photos des victimes au Mémorial du génocide, à Kigali

Le pays a entamé dimanche la commémoration du génocide au cours duquel environ un dixième de sa population a été tué en 1994.

Le gouvernement a décrété un deuil de 100 jours, le temps qu’il a fallu en 1994 pour que 800 000 Rwandais soient massacrés.

La plupart des victimes faisaient partie des Tutsis, tués par des extrémistes hutus.

Paul Kagame, chef de la force rebelle qui a mis fin au génocide et président du pays depuis la fin des massacres, a allumé une flamme du souvenir au Mémorial du génocide, à Kigali, la capitale.

Comment le Rwanda se souviendra-t-il du génocide ?

Des activités commémoratives vont se dérouler pendant une semaine après l’allumage de la flamme du souvenir, au mémorial où environ 250 000 victimes auraient été enterrées.

« Nous, les Rwandais, nous nous sommes donné un nouveau départ. Nous existons dans un état de commémoration permanente, chaque jour, dans tout ce que nous faisons, afin de rester fidèles à ce choix », a déclaré M. Kagame au début des cérémonies.

Il va prononcer un discours au Centre des congrès de Kigali. Des dirigeants étrangers, des Africains notamment, prendront part aux cérémonies. Le président français Emmanuel Macron n’y prendra pas part. Cette semaine, il a nommé un groupe d’experts chargés d’enquêter sur le rôle de la France dans le génocide.

La présidence rwandaise affirme sur Twitter que des chefs d’État et de gouvernement du Tchad, du Congo-Brazzaville, de Djibouti, du Niger, de la Belgique, du Canada, d’Éthiopie, ainsi que par des dirigeants de l’Union africaine et de l’Union européenne prendront part aux cérémonies.

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Le gouvernement français de l’époque était un proche allié de celui du Rwanda dirigé par un Hutu, le président Juvénal Habyarimana, dont l’avion a été abattu le 6 avril. Son assassinat a déclenché les massacres.

La France est soupçonnée d’avoir minimisé les signes avant-coureurs des massacres et d’avoir formé des milices qui ont pris part au génocide. Elle sera représentée aux cérémonies de commémoration par Hervé Berville, un député d’origine rwandaise.

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Image caption Paul Kagame (à gauche) accueille le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed venu prendre part aux cérémonies organisées en souvenir du génocide.

Cicatrices

Le président ougandais Yoweri Museveni ne sera pas présent. Il est accusé de soutenir les rebelles rwandais qui s’opposent à M. Kagame.

Ce dimanche, les Rwandais ont observé une minute de silence pour la mémoire des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants tués en une centaine de jours en 1994.

« Mais pour les survivants, les souvenirs ne s’effacent jamais. Cela fait un quart de siècle, mais (…) ils portent encore les cicatrices, au propre comme au figuré, [du génocide] », explique Flora Drury, une journaliste de la BBC.

Certains Rwandais « sont toujours obligés d’expliquer à leurs enfants pourquoi ces derniers ne voient pas leurs grands-parents, oncles et tantes. Ils se remémorent encore les horreurs dont ils ont été témoins », ajoute-t-elle.

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Comment s’est déroulé le génocide ?

Le 6 avril 1994, l’avion transportant le président hutu de l’époque, Juvénal Habyarimana, a été abattu. Tous ceux qui étaient à bord sont morts.

Les extrémistes hutus accusent le Front patriotique rwandais (FPR), un groupe rebelle tutsi, d’être responsable de la mort du chef de l’État et de ceux qui voyageaient en sa compagnie. Mais le FPR décline toute responsabilité.

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Image caption Le gouvernement a décrété un deuil de 100 jours, le temps qu’ont duré les massacres de 1994.

Pour mener des représailles, les milices hutus détiennent des listes de membres de l’ethnie tutsi à abattre. Beaucoup ont été tués à coups de machette, dans une épouvantable brutalité.

L’une des milices était constituée de jeunes du parti au pouvoir, les Interahamwe, qui ont érigé des barricades dans des localités habitées majoritairement par des Tutsis. En même temps, ils incitent à la haine à travers des émissions radio et mènent des perquisitions maison après maison.

Comment ça s’est terminé ?

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Image caption Les forces françaises présentes au Rwanda lors du génocide ont été accusées de n’avoir rien fait pour arrêter les massacres.

Peu de mesures ont été prises à l’échelle internationale pour mettre fin aux massacres. L’ONU et la Belgique avaient des forces au Rwanda. Mais la mission de l’ONU n’avait pas reçu de mandat pour intervenir. Les Belges et la plupart des casques bleus de l’ONU se sont retirés des zones des massacres.

Le FPR, soutenu par l’Ouganda, a ensuite gagné du terrain en faisant mouvement vers Kigali. Quelque deux millions réfugiés hutus ont été dénombrés, fuyant pour la plupart vers la République démocratique du Congo. Le FPR est accusé d’avoir tué des milliers de Hutus lors de sa prise du pouvoir, ce qu’il le nie toujours.

Des dizaines de Hutus ont été condamnés pour leur rôle dans les massacres par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, basé en Tanzanie. Des centaines de milliers d’autres ont été jugés par des tribunaux communautaires au Rwanda.

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Comment va le Rwanda maintenant ?

Le pays s’est redressé sur le plan économique, la politique menée par le président Kagame favorisant une croissance rapide et le progrès technologique. La croissance reste bonne – 7,2% en 2018, selon la Banque africaine de développement.

Paul Kagame a obtenu un troisième mandat à la dernière élection présidentielle, en 2017, avec 98,63 % des voix. Ses détracteurs disent qu’il est trop autoritaire et ne tolère aucune dissidence.

Une Rwandaise raconte comment un voisin a massacré ses enfants, un bourreau auquel elle accorde aujourd’hui le pardon :

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Au Rwanda, la victime qui a pardonné à son boureau
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