Alou Diawara, Bamako, BBC Afrique
Des dizaines de milliers de personnes, 200 mille selon certains organisateurs, ont pris part vendredi, à Bamako, la capitale malienne, à une marche organisée par le Haut Conseil islamique du Mali.
Les manifestants ont dénoncé l’insécurité dans le centre du pays, où environ 160 civils ont été tués fin mars.
Ils ont aussi réclamé la démission du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et des membres de son gouvernement.
« IBK dégagez ! », « Soumeylou dégagez ! » ont lancé certains manifestants au début de la marche.
Mais les membres du Haut Conseil islamique du Mali n’ont demandé que la démission du Premier ministre, pas celle d’IBK, Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien.
Selon certains manifestants, jamais autant de monde n’avait pris part à une manifestation à Bamako durant ces dernières années.
« Depuis 2012, notre pays traverse une crise qui ne cesse de s’aggraver. Le nombre de morts civils et militaires augmente chaque jour », dénonce un manifestant.
Une enseignante venue prendre part à la manifestation estime que les doléances vont au-delà de l’insécurité. « La santé, ça ne va pas. Nos enfants ne vont pas à l’école. On en a vraiment marre. Ils ont ‘avalé’ les salaires des enseignants », s’écrie-t-elle, déplorant des arriérés de salaires de trois mois.
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Des hommes politiques, de l’opposition notamment, ont pris part à la manifestation.
Thiébilé Dramé, l’un des responsables de l’opposition, a souhaité qu’il y ait au Mali une meilleure administration de « la justice » et « la bonne gouvernance ».
Il a dénoncé « l’horreur des massacres » perpétrés au Mali et « la situation qu’on a laissé pourrir dans le centre du pays ».
Le président du Haut Conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, a lancé un appel au calme en s’exprimant en bambara, l’une des langues locales.
« Le peuple vient de manifester contre ce gouvernement (…) dirigé par Soumeylou Boubèye Maïga. Si Ibrahim Boubacar Keïta se met d’accord avec le peuple, il doit en tirer les conséquences… » a lancé Issa Kaou Ndjim, le porte-parole de Mahmoud Dicko.
Les responsables du Haut Conseil islamique du Mali promettent d’organiser des manifestations antigouvernementales, tous les vendredis, jusqu’à la démission du gouvernement.