Pas de Facebook, Twitter ou WhatsApp.C’est ce qui devient de plus en plus courant dans certains pays africains, où les gouvernements ont périodiquement fermé l’Internet ou bloqué les plateformes de médias sociaux.
Cela fait un an que le Tchad a bloqué l’accès aux sites de médias sociaux les plus populaires.
Le Soudan en avait limité l’accès pendant les manifestations antigouvernementales, tout comme l’avaient fait les autorités du Zimbabwe.
Les militants des droits numériques disent que c’est de la censure, mais les gouvernements soutiennent qu’elle aide à maintenir la sécurité.
Alors, comment les gouvernements ferment-ils ou bloquent-ils pratiquement l’Internet ?
Blocage de l’accès
Un gouvernement peut limiter l’accès à Internet en ordonnant aux fournisseurs de services Internet (FSI) d’en limiter l’accès à leurs abonnés.
Dans le premier cas, il s’agit probablement d’un blocage sur les sites de médias sociaux les plus utilisés.
Dans une mesure plus extrême, les autorités peuvent ordonner aux fournisseurs de services de bloquer tout accès à Internet.
En 2018, il y a eu 21 cas de pannes partielles ou totales d’Internet, contre 13 en 2017 et 4 en 2016, selon Access Now, un groupe de surveillance indépendant.
La Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Cameroun, le Soudan, l’Éthiopie, le Mali, le Nigeria et la Sierra Leone ont restreint l’accès à Internet l’année dernière.
C’est aussi une tendance mondiale. En 2018, il y a eu 188 fermetures, comparativement à 108 en 2017 et 75 en 2016.
Internet shutdowns in Africa
Dans chaque pays, c'est aux différents prestataires de services qu'il incombe d'exécuter ces instructions des autorités pour bloquer l'accès.
L'une des méthodes utilisées est le blocage des URL.
C'est un filtre qui empêche l'accès à une liste de sites interdits.
Un utilisateur essayant d'accéder à ces sites peut voir différents messages tels que "serveur introuvable" ou "ce site a été bloqué par l'administrateur réseau".
Une autre méthode s'appelle l'étranglement.
Cette approche limite fortement le trafic vers des sites spécifiques, donnant l'impression que le service est lent, ce qui décourage l'accès.
Cette méthode est plus subtile, car il est difficile de savoir si les sites sont activement restreints ou c'est le mauvais état du service qu'il faut blâmer.
Enfin, les entreprises de télécommunications peuvent être obligées de fermer complètement leurs services, empêchant ainsi tout accès aux données.
Les fournisseurs de services peuvent-ils dire non ?
La capacité des gouvernements à censurer l'Internet dépend de leur capacité à exercer un contrôle sur les entreprises de télécommunications.
Les fournisseurs de services Internet sont agréés par les gouvernements, ce qui signifie qu'ils risquent des amendes ou la perte de leurs contrats.
Les opérateurs peuvent avoir le droit de faire appel devant les tribunaux, mais dans la pratique, ils le font rarement.
Cependant, il y a eu des exceptions.
Au début de cette année, les tribunaux du Zimbabwe se sont prononcés en faveur du rétablissement de l'accès à Internet après que le gouvernement eut ordonné des restrictions.
En réponse, le gouvernement du Zimbabwe a mis en œuvre de nouvelles réglementations leur permettant un plus grand contrôle sur Internet.
La ministre zimbabwéenne de l'Information, Monica Mutsvangwa, a déclaré que cela " veillera à ce que l'Internet et les technologies connexes soient utilisés pour le bien de la société et non pour porter atteinte à la sécurité nationale ".
Mais il y a aussi des exemples où les gouvernements qui souhaitent fermer le net ont une tâche plus facile.
"Il y a des exceptions comme l'Ethiopie où les télécommunications ne sont toujours pas libéralisées ", déclare Dawit Bekele, Directeur du Bureau régional Afrique pour l'Internet Society.
"Il existe de facto une passerelle unique appartenant à l'opérateur gouvernemental qui peut facilement être utilisée pour bloquer l'Internet ", dit-il.
À moins que l'accès à Internet n'ait été complètement fermé, il existe des moyens pour les individus de contourner ces obstacles.
La méthode la plus courante est l'utilisation de réseaux privés virtuels (VPN).
Ces VPN cryptent les passerelles de données, ce qui rend difficile pour les fournisseurs de services de bloquer l'accès aux sites restreints.
Les gouvernements peuvent également bloquer les VPN, mais ils sont moins enclins à le faire parce que cela gêne aussi gravement les diplomates étrangers et les grandes entreprises qui les utilisent.
Certains gouvernements africains ont souligné la recrudescence des "fausses nouvelles" en ligne comme une raison pour imposer des restrictions.
Mais certains analystes et personnalités de l'opposition y voient une excuse pour réprimer les groupes critiques à l'égard du gouvernement, qui s'organisent souvent sur Facebook et WhatsApp.
"Avant, pendant et après les élections, les gouvernements ont tendance à bloquer l'Internet à cause de la dissidence ", souligne M. Bekele.