Frédéric Tendeng, Banjul, BBC Afrique
Dans son rapport officiel remis au président gambien Adama Barrow, la commission soutient que l’ex-chef de l’État a détourné 21 millions 426 mille 717 dollars américains avant de partir en exil en Guinée Équatoriale.
La commission accuse aussi Yahya Jammeh d’avoir détourné et blanchi de l’argent pour un total de 343 millions de dollars américains.
Pendant 18 mois, la commission d’enquête dirigée par le juge Surahata Janneh et la procureure spéciale Amie Bensouda, a auditionné des centaines de témoins.
Des témoins qui ont répondu aux questions des commissaires, livré des documents, ainsi que d’autres preuves sur la nature et les circonstances de l’acquisition des biens en nature et en espèces de Yahya Jammeh.
»Nous avons maintenant établi qu’il est en possession de 281 propriétés dans ce pays. Nous avons des informations partagées avec des gouvernements étrangers qui nous assistent pour traquer et reprendre les biens à l’étranger. Ce qui est à l’origine de la confiscation de sa résidence du Potomac par les Etats-Unis », a déclaré le ministre gambien de la Justice, Ba Tambedou, en présentant le résultat des enquêtes et auditions.
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Au total, la commission d’enquête officielle indique que les seuls comptes bancaires et les biens retrouvés en Gambie sont évalués à 343 millions de dollars.
On y trouve des voitures de luxe et des propriétés foncières dont la villa de Yahya Jammeh dans son village natal de Kanilai estimée par la commission à 28 millions 250 mille dollars américains.
Il y a deux jours, le Projet de signalement du crime organisé et de la corruption a aussi accusé Yahya Jammeh d’avoir volé près d’un milliard de dollars américains avant sa fuite en exil.
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Président du groupe parlementaire du parti de Yahya Jammeh jusqu’en 2017, Fabakary Tombong Jatta est aujourd’hui le leader de l’APRC, le parti fondé par l’ex-président gambien.
»La commission d’enquête, ils (les dirigeants actuels du pays) l’utilisent comme un outil de propagande pour faire croire aux gens que ce qu’ils disent, c’est ce qui a été fait par le président Yahya Jammeh et l’APRC », soutient M. Jatta.
»Ce n’est pas vrai. Le fait qu’il garde le silence et vaque à ses occupations nous conforte », ajoute-t-il.
Il revient au président Adama Barrow de donner suite aux conclusions de la commission. Le chef de l’État gambien a, pour cela, un délai de six mois.