Au Sénégal, le métier d’écailleuses de poisson n’est pas seulement une affaire de femmes : des hommes font aussi ce travail qui comporte parfois des risques.
Il est 07 h 30 mn, nous sommes au marché de Ngor à Dakar, la capitale du Sénégal. Mère Mame Boye est déjà sur son lieu de travail.
Sur sa table se trouvent plusieurs types de couteaux et un instrument peu ordinaire pour une étable de vente de poisson : une brosse métallique qui a trouvé en ces lieux un autre usage.
Mame Boye est vendeuse et écailleuse de poisson comme plusieurs autres femmes à Dakar et sa banlieue.
Chaque jour, très tôt le matin, des femmes comme elles se rendent dans les marchés de poissons ou sur les plages pour s’adonner à leur activité. Certaines sont revendeuses de poissons mais la plupart d’entre elles sont vendeuses-écailleuses de poissons.
« Nous proposons plusieurs types de poissons et la particularité, c’est que nous nettoyons ces poissons tout propre pour nos clients », raconte-elle.
« On essaie de tenir nos ménages avec ce que nous gagnons grâce à l’activité autour du poisson », nous explique Mame Boye.
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La mère de famille, la cinquantaine passée travaille toute seule. Elle vend puis elle écaille le poisson pour ses client(e)s, un travail qu’elle le fait depuis une dizaine d’années.
« J’achète le poisson avec Mame Boye qui s’occupe du nettoyage et ça me facilite la tâche. L’avantage avec elle, c’est que je ne débourse rien pour le nettoyage du poisson » souligne Sophie, une cliente de Mame Boye.
Adama est installée juste à côté de Mame Boye, depuis 20 ans elle fait ce métier. Contrairement à sa voisine, Adama travaille avec ses deux filles:
« On ne s’en sort plus vraiment avec cette activité d’écailleuses de poissons. Avant il y a avait beaucoup de bénéfice mais actuellement c’est saturé ».
« Je vends le poisson et se sont mes filles qui s’occupent d’écailler », nous dit Adama.
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L’activité d’écailleuses de poissons rapporte entre 50 f CFA et 200 f CFA selon la taille ou la quantité de poisson à nettoyer .
Chaque métier comporte ses risques et les écailleuses de poissons le savent car elles utilisent des objets tranchants qui peuvent les blesser, les exposant à des infections ou des maladies comme le tétanos.
Ces blessures peuvent être superficielles ou profondes mais l’expérience permet d’être très prudente et d’avoir recours aux professionnels de la santé en cas de problème.
Juste derrière l’étable d’Adama, un homme : Modou. Il gagne aussi sa vie en écaillant des poissons sur le marché de Ngor à Dakar.
Comme lui, de plus en plus d’hommes sont également attirés par ce métier. Sur un ton amical, Modou nous invite à lui confier nos poissons qu’il se chargera de nettoyer.
« Il y a des tarifs à 200 f jusqu’à 500 f CFA en fonction du type de poissons ou de la quantité », nous explique celui qui a trouvé sa voie parmi les écailleuses.
Même si les écailleuses disent que ce travail ne rapporte pas beaucoup, elles sont tout de même satisfaites de leurs gains au quotidien et sont loin de se plaindre sans fin de leurs tâches.
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