En Occident, des maladies en voie d’éradication refont leur apparition, mais de plus en plus d’adultes préfèrent ne pas faire vacciner leurs enfants.
A l’origine de cette méfiance, un article publié en février 1998 dans le journal scientifique « The Lancet » avait établi un lien possible entre l’autisme et le vaccin ROR (contre la rougeole, les oreillons et la rubéole).Cette étude a depuis été discréditée – Andrew Wakefield, son auteur, a été reconnu coupable de faute professionnelle grave et radié de l’ordre des médecins. « The Lancet » a retiré l’article, mais la peur qu’elle a créée a miné la confiance de certaines personnes envers le vaccin.
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Les vaccins peuvent causer des effets indésirables chez un petit nombre de personnes, comme c’est le cas de nombreux médicaments. Mais la science admet que les avantages l’emportent largement sur les risques.
Une « menace pour la santé mondiale »
A l’origine de ce délaissement des vaccins, il y a aussi le fait que certaines maladies ont pour une large part disparu en Occident, la vaccination des populations devenant une pratique ancienne, en Europe. Le premier vaccin efficace a été celui contre la variole, mis au point à la fin des années 1700.
Selon le docteur Dyan Hes, qui dirige une clinique pour enfants à New York, les parents ne voient pas l’intérêt d’agir contre des maladies dont ils n’ont jamais vu personne souffrir.
« Les gens oublient ce qu’est la mortalité infantile, combien d’enfants sont morts ou se sont retrouvés avec une encéphalite ou de terribles maladies du cerveau qui ont causé un retard mental, et les gens placés en institution pour le reste de leur vie à cause de la rougeole », affirme-t-il.
En effet, une protection contre les maladies existe toujours lorsqu’une large portion de la population (90 % à 95 %) est vaccinée contre un virus, créant ainsi une immunité dite « collective » qui peut indirectement protéger la minorité n’étant pas vaccinée.
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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que les théories anti-vaccins constituaient une des « dix principales menaces pour la santé mondiale » en 2019.
Les experts en santé publique ont pointé du doigt les réseaux sociaux, affirmant que de fausses allégations selon lesquelles les vaccins causent l’autisme et d’autres maladies ont effrayé les parents refusant de se faire vacciner, ce qui a provoqué une résurgence de cas de rougeole aux États-Unis et en Europe.
Facebook prendra bientôt des mesures contre la désinformation sur les vaccins, a affirmé un représentant du réseau social, fin février. YouTube a cessé de diffuser des publicités sur de nombreuses chaînes populaires qui font la promotion des théories de conspiration anti-vaccination, qui donc n’obtiendront plus d’argent par ce canal.
La rougeole et la varicelle de retour
L’été dernier, l’OMS a déclaré que le nombre de cas de rougeole en Europe avait atteint un niveau record, les experts attribuant cette augmentation des infections à une baisse du nombre de personnes vaccinées.
En Europe, plus de 41 000 personnes ont été infectées par la rougeole au cours des six premiers mois de 2018, soit près du double du nombre de cas de l’année dernière, ce qui a entraîné 37 décès.
L’année dernière, il y a eu 23 927 cas, et l’année précédente 5 273. Des taux élevés de rougeole ont été observés en Serbie, en Ukraine, en Géorgie et en Grèce.
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Aux États-Unis, le nombre d’enfants exemptés de vaccination pour des raisons religieuses ou philosophiques est également en augmentation, selon une étude publiée en juin dernier.
Frappé par une épidémie de rougeole, un comté au nord de New York vient d’interdire l’accès des lieux publics aux mineurs non vaccinés contre la maladie, afin de protéger les populations à risque.
En novembre 2018, une école de Caroline du Nord dotée d’une importante communauté anti-vaccins s’est retrouvée au cœur de la plus grande épidémie de varicelle de l’État depuis des décennies, selon des responsables.
Fin février 2019, un couple français et leur enfant de 5 ans ont été accusés d’avoir réintroduit la rougeole au Costa Rica où la maladie avait disparu depuis 2014.
En Afrique, vacciner pour sauver des vies
Pendant qu’en Occident, le public se détourne des vaccins, l’Afrique tente d’augmenter la couverture vaccinale afin de sauver des vies.
Selon l’OMS, en Afrique, plus de 30 millions d’enfants de moins de cinq ans sont touchés par des maladies à prévention vaccinale chaque année – à savoir la rougeole, la rubéole, les infections à rotavirus (une des principales causes de diarrhée) et les infections à pneumocoques (à l’origine des infections du sang, de la pneumonie, de la méningite et des otites), et plus d’un million d’entre eux meurent, ce qui représente 58 % des décès enregistrés à l’échelle mondiale.
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