Les forces armées mènent une bataille perdue d’avance… contre le surpoids.
De l’Afrique du Sud à la Chine en passant par l’Europe et les Etats-Unis de plus en plus de militaires sont en surpoids, voire souffrent carrément d’obésité. Une situation qui complique le déploiement des troupes sur le terrain ainsi que le recrutement de nouvelles recrues.
L’Afrique du Sud se serre la ceinture
La réduction du budget de la défense n’a pas été la seule source récente de débat autour de l’armée sud-africaine.
Selon les dernières statistiques du Military Health Service (2012), près de 10 % des membres des forces armées sud-africaines sont obèses. Les experts militaires avertissent que cela nuit gravement à l’état de préparation au combat.
« Sur les 76 000 hommes et femmes des forces régulières, environ 10 %, sont médicalement aptes à être déployés. Sur le terrain, étant donné le besoin de rotation et de formation, cela signifie qu’environ 2 000 personnes sont disponibles », a écrit Greg Mills, directeur du groupe de réflexion sur la défense de la Fondation Brenthurst, dans un article publié par le site d’information sud-africain Daily Maverick.
Etats-Unis : l’ennemi intérieur
Un rapport publié en 2018 par la RAND Corporation, un groupe de réflexion sur les politiques mondiales, montre que près de 66 % des troupes américaines sont en surpoids ou obèses – du moins selon la définition de l’armée, qui utilise l’indice de masse corporelle. Une mesure qui permet de savoir si votre poids est sain ou pas, en le comparant à votre taille.
Selon le commandement de l’armée américaine, seulement 11 % des jeunes de 16 à 24 ans dans le pays – la tranche d’âge par excellence pour le recrutement – étaient désireux de rejoindre ses rangs en 2017.
Pour compliquer encore les choses, près d’un jeune sur trois est recalé chaque année à l’enrôlement, à cause du surpoids.
Le général de division à la retraite Jeffrey Phillips a écrit l’an dernier que l’armée américaine dépensait plus de 1,5 milliard de dollars par an pour traiter les problèmes de santé liés à l’obésité et pourvoir les postes laissés vacants par les soldats inaptes.
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Ces facteurs ont été mentionnés dans un rapport accablant de l’armée chinoise, publié l’année dernière par le journal « People’s Liberation Army Daily », l’organe de presse des forces armées du pays.
Selon cette publication, la mauvaise alimentation, la sédentarité et… l' »autosatisfaction » étaient à l’origine du nombre croissant de jeunes recrues qui ne réussissaient pas les tests de condition physique à faire pour rejoindre les rangs de l’armée.
« C’est lié au fait que l’on s’assoit trop longtemps pour jouer à des jeux vidéo, à une masturbation excessive et à un manque d’activité physique », explique le journal dans un éditorial.
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Malgré l’assouplissement des exigences pour les nouvelles recrues, les autorités militaires affirment que jusqu’à 20 % des nouveaux candidats ont échoué aux tests de poids en 2017.
La publication militaire affirme également que certains membres du personnel n’ont pas été en mesure de terminer une course de fond de 5 km.
Défi iranien
Selon le site Internet spécialisé dans la défense Globalfirepower.org, l’Iran compte plus d’un demi-million de militaires actifs.
Mais un article publié en janvier dernier dans la revue de recherche BMC Public Health affirme que le taux d’obésité chez les militaires est de 13 % – et que 41 % des soldats sont en surpoids.
Malheurs britanniques
En novembre dernier, les médias britanniques ont créé toutes sortes de jeux de mots liés au poids après la publication d’informations selon lesquelles les troupes stationnées à Catterick Garrison, la plus grande base militaire du pays, étaient sous surveillance.
On a interdit aux soldats d’acheter des collations à la succursale locale de Gregg’s, une chaîne de boulangeries bien connue.
Ces ordres qui ont fuité dans les médias ont révélé des inquiétudes au sujet de l’image que des hommes en uniforme étaient confrontés à la malbouffe.
L’interdiction a eu lieu au moment où le ministère de la Défense révélait que près de 10 % des troupes britanniques, toutes forces confondues, sont cliniquement obèses.
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Un expert a mis en garde contre les conséquences coûteuses pour l’armée de Sa Majesté. Lord McColl of Dulwich, chirurgien et membre de la Chambre des lords (la chambre haute du Parlement britannique), affirme que les sièges éjectables des avions et les trappes de secours des sous-marins devront être adaptés aux militaires en surpoids.
« L’épidémie d’obésité, qui touche maintenant les forces armées, est de loin le trouble alimentaire le plus grave », a-t-il déclaré lors d’un débat parlementaire en février dernier.
Représailles indiennes
L’armée indienne a établi des règles strictes pour lutter contre l’obésité de ses troupes en avril dernier.
Il s’agit notamment de mesures à prendre contre les officiers et les soldats en surpoids, comme l’interdiction des promotions de carrière et des postes à l’étranger par exemple.
Selon une étude réalisée en 2016, un tiers des soldats indiens souffraient d’embonpoint.
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Le plan de lutte contre l’obésité prévoit également des contrôles ponctuels, des inspections surprises et d’autres sanctions pour les personnes dont le poids dépasse 10 % de leur poids corporel idéal.
« Nous ne voulons pas que nos hommes souffrent de maladies liées au mode de vie causé par l’obésité. Et de toute façon, ces hommes auraient également un impact négatif sur l’efficacité opérationnelle sur le terrain », a expliqué un officier de l’armée dans le journal India Today.
Douleurs espagnoles
La Légion, le célèbre régiment d’infanterie d’élite espagnol, a défrayé la chronique, l’an dernier, à cause des chemises à col ouvert portées par ses membres.
Plus de 3 000 d’entre eux ont été soumis à des contrôles obligatoires, pour que soit déterminé leur indice de masse corporelle (IMC).
Parmi eux, 6 % ont été jugés obèses (IMC > 30) et ont dû suivre des régimes.
Retraite anticipée au Mexique
Les autorités militaires mexicaines luttent également contre l’obésité dans leurs rangs et, en 2015, elles ont ordonné à plus de 1 300 soldats de prendre une retraite anticipée en raison d’un IMC supérieur à 35.
Elles ont également ordonné à 12 000 autres membres du personnel de se remettre en forme.
Un rapport publié en 2015 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) révèle que le Mexique avait le deuxième taux d’obésité le plus élevé parmi ses 35 pays membres (32,4% de la population), derrière les États-Unis (38,2 %).
Pourquoi ce gros problème ?
En théorie, le personnel militaire devrait être en meilleure forme physique que le reste de la population, en raison de l’entraînement physique. Mais il y a beaucoup d’exemples où les choses ne fonctionnent pas de cette façon.
Pourquoi ? Eh bien, un certain nombre d’études universitaires ont tenté d’aborder la question.
L’une des hypothèses les plus souvent citées, c’est que les militaires courent un risque plus élevé de stress, d’exposition à la mort ou à des agents nocifs et de privation continue de sommeil – des facteurs qui pourraient induire de mauvaises habitudes alimentaires.
Ce qui est certain, c’est que la graisse est un ennemi redoutable pour les forces armées.
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