Marcelo Rebelo de Sousa snobe les partis politiques en étant le politique le plus populaire du Portugal. Il a remporté l’élection présidentielle de 2016 aussi bien sans la bannière d’un parti politique que sans l’organisation de meetings. Une prouesse.
Mais comment en est-il arrivé là ?
L’homme qui vient d’avoir 70 ans est conservateur et catholique. Il dit réciter le chapelet tous les jours.
Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, n’est pas seulement l’élu le plus populaire du pays.
Trois ans après qu’il est entré en fonction, il passe son Noël à visiter les soupes populaires ou à dormir chez les victimes des incendies de forêt.
Au Portugal, les selfies avec le président sont tellement entrés dans les moeurs qu’ils ont donné lieu à un mot nouveau : les « Marcelfies ».
Il est surnommé »Marcelo » par la presse : dans l’imaginaire, un homme souvent torse nu, se promenant sur la plage en compagnie des membres de sa famille.
Sandra Sa Couto, auteure d’une thèse de doctorat sur la popularité du président, affirme que l’un des premiers défis lors de sa recherche a été de déterminer si Marcelo Rebelo de Sousa était un « homme politique célèbre » ou une « personnalité politique ».
Elle a fini par pencher en faveur de la première affirmation. Mais une autre question reste en suspens : le président est-il un homme politique « populiste » ou simplement « populaire » ?
Malgré une longue carrière politique, l’homme est connu avant tout comme journaliste de télévision, un métier qu’il a exercé bien avant sa candidature à l’élection présidentielle de 2016.
Une campagne électorale menée sans aucun meeting et sans étiquette politique…
Mais la chercheuse a remarqué que, loin d’adhérer au discours contre l’establishment, qui facilite la montée des politiciens populistes dans d’autres pays, Marcelo Rebelo de Sousa n’a jamais critiqué la classe politique portugaise.
« Il considère simplement que son message est plus efficace s’il n’est pas formaté ou assujetti aux partis politiques », a-t-elle expliqué au journal national Observador.
Son propre style
L’hebdomadaire portugais Sabado décrit le président comme un homme « sans discipline (…), avide d’improvisation et de bavardage (…) et qui s’obstine à aller au supermarché ou à faire la queue pour l’achat d’un repas ».
Tout en gardant une aura de célébrité, Marcelo Rebelo de Sousa sait aussi renforcer son « image d’homme terre-à-terre », selon plusieurs analystes politiques.
Le jour de sa prestation de serment, il est sorti de sa maison familiale, dans le centre de Lisbonne, la capitale, pour se prêter à l’exercice républicain, sans prendre une voiture officielle…
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Trois ans plus tard, sa popularité est comparable à celle d’Angela Merkel, qui affiche une cote de popularité de 80 % alors qu’elle est au pouvoir depuis 13 ans…
Dans le système parlementaire portugais, les affaires courantes du pays sont gérées par le Premier ministre. Le président détient une autorité considérable en matière de sécurité nationale et de politique étrangère.
Certains analystes estiment que cette organisation de l’État a permis au président actuel de développer librement son propre style.
Omniprésence
Mais le style de Marcelo Rebelo de Sousa ne plaît pas à tout le monde.
André Amaral, chroniqueur au journal Observador, estime que le succès du président est non seulement le reflet de ses qualités humaines, mais aussi de la volonté de l’élite portugaise de maintenir le statu quo.
« En ayant les votes de la droite dans sa poche, en assurant le statu quo que veut la gauche, Marcelo parcourt le pays en tapotant les gens dans le dos, en donnant des câlins et… des selfies », commente André Amaral.
Tiago Dores, un autre chroniqueur d’Observador, affirme que le président portugais est l’ennemi juré de Charlie, le personnage fictif du livre pour enfants de la série »Où est Charlie ? »
« Alors que nous avons du mal à trouver Charlie, perdu au milieu de la foule, nous savons toujours où est Marcelo », écrit Dores. »Quand on entend un flash, on peut être sûr qu’il est sur la photo », conclut-il.