Le documentaire » Leaving Neverland « , récemment diffusé sur des chaines anglaises et américaines, recueille le témoignage de deux hommes qui prétendent avoir été abusés sexuellement par Michael Jackson quand ils étaient enfants.
Wade Robson et James Safechuck racontent qu’ils avaient été violés des centaines de fois entre l’âge de sept et dix ans.
Les accusations ont eu de graves répercussions sur la réputation de Michael Jackson; des stations de radio ont annoncé qu’elles ne diffuseraient plus les chansons de la méga-star de la pop, d’anciens fans ont supprimé publiquement les enregistrements de Jackson de leurs téléphones portables et, selon certaines informations, certaines personnes sont allés jusqu’à quitter des cafés quand elles ont entendu sa musique.
Le documentaire réalisé par le réalisateur Dan Reed a poussé les éditorialistes à se poser la question suivante : peut-on continuer d’écouter Michael Jackson ?
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Les familles des garçons « éblouies par l’éclat de Michael«
Le film de quatre heures est centré sur des événements qui se seraient déroulés dans le ranch de Michael Jackson, Neverland.
C’était « un endroit surréaliste » qui hypnotisait les garçons et leurs familles, a déclaré Dan Reed, le réalisateur du documentaire, dans le podcast Beyond Today de la BBC.
Les familles des garçons ont été « complètement éblouies par l’éclat de Michael, son statut, cet homme incroyablement célèbre et riche et, vous savez, le genre de star qui n’existe plus », raconte Dan Reed.
‘Sentiment d’amour‘
Les hommes, âgés respectivement de 36 et 40 ans, racontent en détails leurs relations sexuelles avec le chanteur et décrivent comment, enfants, ils sont « tombés amoureux » de Michael Jackson, un amour qui aurait duré sept ans pour Wade et quatre ans pour Robson.
Michael Jackson a été jugé et déclaré non coupable de pédophilie en 2005.
Wade, âgé de 22 ans au moment du procès de Jackson, avait témoigné devant le tribunal pour sa défense, affirmant que le chanteur avait couché avec lui dans le même lit, mais qu’il ne l’avait jamais touché de manière inappropriée.
Mais Dan Reed explique qu’au moment de sa comparution devant le tribunal en 2005, Wade n’avait toujours pas accepté son expérience et, pour des raisons personnelles, il ne voulait pas « se sentir responsable » d’avoir envoyé l’homme qu’il aimait en prison.
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Le sort est brisé
« Ce n’est que cinq ans plus tard, lorsque Wade a eu son propre enfant, un fils, qu’il s’est soudain rendu compte que les choses que Michael lui avait faites étaient répugnantes « , dit le réalisateur.
Selon lui, ce fut le début d’un réveil.
« Leaving Neverland » a été présenté pour la première fois au festival du film Sundance aux États-Unis où il était l’un des films les plus attendus. Le public de la salle s’est levé pour applaudir Wade et Safechuck lorsqu’ils sont entrés dans la salle de cinéma pour une séance de questions et réponses avec les réalisateurs.
Le New York Times a écrit : « Michael Jackson avait jeté un sort. Leaving Neverland le brise. »
La famille Jackson a décrit le documentaire comme une « reprise de vieilles accusations discréditées » et a intenté une action en justice contre les producteurs américains HBO.
Mais depuis la sortie du documentaire à l’échelle mondiale, certaines stations de radio au Canada, en Australie, en Irlande et aux Pays-Bas ont annoncé qu’elles n’allaient plus diffuser les chansons de Michael Jackson.
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La BBC a été obligée de clarifier sa position publiquement en précisant qu’elle « n’interdit pas les artistes », après qu’il a été rapporté qu’elle avait discrètement écarté les chansons de Jackson de ses playlists.
Effacerla musique de Jackson
Scott Bryan, qui coanime le podcast Must Watch de la BBC, figurait parmi les journalistes invités à la première britannique du documentaire. Il a dit qu’après avoir visionné « Leaving Neverland », il a effacé toutes les chansons de Michael Jackson qu’il avait sur son téléphone.
Bryan dit qu’en grandissant dans les années 1980, « il était difficile de ne pas être fan de Michael Jackson », mais qu’écouter le chanteur depuis l’a rendu « mal à l’aise ».
« Quelques jours plus tard, j’étais juste dans un café à travailler sur mon ordinateur portable et par pure coïncidence, ils ont passé une chanson de Michael Jackson. Et j’ai dû mettre mes écouteurs et écouter d’autres musiques parce que je ne pouvais pas me concentrer sur ce que je faisais. »
Lucy Jones, chroniqueuse pour le journal britannique Independent, affirme qu' »une vague de changement progressif » contre les prédateurs sexuels a fait qu’il est difficile d’ignorer les accusations contre Jackson.
« Les histoires [d’abus] sont perçues très différemment depuis #metoo et les révélations d’abus pédophiles dans des institutions telles que l’Église catholique. Nos yeux se sont ouverts et notre conscience s’est éveillée « , a-t-elle écrit.
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‘N‘interdisez pas Jackson’
Mais tout le monde n’est pas d’accord pour que la musique de Michael Jackson disparaisse des antennes.
Catherine Strong, de l’université australienne RMIT, compare l’interdiction à « un petit pansement sur une blessure béante ».
En écrivant sur le site Web The Conversation, elle dit que la société a plutôt besoin de « faire face au problème de front ».
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« Les abus sexuels dans l’industrie de la musique sont un problème systémique et permanent qui ne se résoudra juste par des boycotts », écrit-elle.
« Continuez de passer la musique de Michael Jackson à la radio – mais ne les diffusez jamais sans rappeler aux auditeurs de quoi il a été accusé. Faites de même avec d’autres artistes accusés ou reconnus coupables d’un crime. »
Changement d’époque
Dan Reed l’a déclaré à la BBC : « Les temps ont changé et maintenant, on a le sentiment que lorsque quelqu’un dit « j’ai été abusé sexuellement » – qu’il s’agisse d’un enfant, d’une femme ou d’un homme – la première réaction ne devrait pas être de le rejeter, mais d’écouter ce qu’ils ont à dire ».
Mais au milieu de la diversité des opinions, le réalisateur se dit opposé à toute « réaction viscérale » contre le chanteur.
« Tous ceux à qui j’ai parlé et qui ont regardé le film m’ont dit quelque chose du genre : « Je ne pense pas pouvoir réécouter un titre de Michael Jackson ». Vous savez, les gens qui sont sortis des magasins quand ils ont entendus des chansons de Michael Jackson, » dit Reed.
« Je ne crois pas à l’interdiction des chansons ou aux fait de brûler des livres. Il y a une sorte de réaction épidermique maintenant, mais je pense qu’il faut qu’on grandisse et qu’on puisse encore écouter sa musique, tout en réalisant qu’il était un pédophile prédateur. »
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