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Bouchra Nassir Ousselat, l’une des rares informaticiennes au Tchad

Vincent Niebédé, BBC Afrique, N’Djamena

Bouchra Nassir Ousselat est l'une des rares femmes qui ont choisi de travailler dans le secteur des technologies. Copyright de l’image Vincent Niébédé
Image caption Bouchra Nassir Ousselat est l’une des rares femmes qui ont choisi, au Tchad, de travailler dans le secteur des technologies.

Au Tchad, une enquête réalisée en 2017 par Internet Society Tchad révèle que seulement 1,3 % des femmes tchadiennes sont dans les sciences, l’innovation et les technologies. Ces domaines sont considérés comme la « chasse gardée » des hommes.

Pour l’avenir des filles, les parents souhaitent investir dans d’autres domaines. Notre correspondant à N’Djamena, Vincent Niebédé, est allé à la rencontre de Bouchra Nassir Ousselat, l’une des rares femmes qui ont opté pour le métier d’informaticien.

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Réparer les ordinateurs et développer des applications numériques : c’est le quotidien de Bouchra Nassir Ousselat. Ingénieure, informaticienne, cette Tchadienne âgée de 26 ans parcourt près de 10 kilomètres par jour pour aller à son lieu de travail, dans le centre de N’Djaména, la capitale du Tchad.

Elle fait partie des 1,3 % de femmes tchadiennes formées dans les sciences et les technologies. Un taux très faible de femmes dans ces secteurs.

Copyright de l’image Vincent Niébédé

Image caption Bouchra Nassir Ousselat a créé par ailleurs une application capable d’alerter les filles sur les risques liés aux maladies sexuellement transmissibles.

« Je fais de la maintenance informatique. Je répare des ordinateurs qui tombent en panne, par exemple une unité centrale. Ici on peut faire le câblage des cartes mères, des disques durs, etc. Là, c’est une unité centrale qui est recyclée : on l’a montée sur un bidon… Vouloir, c’est pourvoir. J’ai voulu me lancer dans ce secteur pour apporter des solutions et des innovations à ma communauté » affirme Bouchra Nassir Ousselat.

Elle a créé par ailleurs une application capable d’alerter les filles sur les risques liés aux maladies sexuellement transmissibles. Mais l’informaticienne est confrontée aux coupures régulières d’électricité et d’internet, mais aussi et surtout à de nombreux préjugés qui l’empêchent parfois de gagner des marchés.

Copyright de l’image Vincent Niébédé

Image caption La société tchadienne considère que les filières scientifiques sont réservées aux hommes, selon le sociologue Félix Nangbatna (en photo).

« Au Tchad il y a un dicton qui dit que la série scientifique, c’est pour les hommes, et les séries C, c’est-à-dire la couture, la coiffure et la cuisine, pour les femmes. C’est l’homme qui est mis en valeur. Même dans la langue sara, le mot femme veut dire « homme-chose ». On dit : ‘Ce n’est qu’une femme’. Et lorsqu’il y a des difficultés, elle est la dernière à être scolarisée », explique le sociologue tchadien Félix Nangbatna, concernant certains facteurs de blocage des initiatives des femmes.

Selon Abdelkerim Abakar Nassour, chef du service public chargé de faciliter l’accès des femmes aux télécommunications, au ministère des Postes, des campagnes de sensibilisation sont organisées par le gouvernement pour emmener les femmes à s’intéresser aux sciences et aux technologies.

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« Il n’y a pas assez de femmes dans le secteur des TIC. L’année dernière, on a sélectionné quelque 300 écolières pour les inciter à s’investir dans les TIC », affirme-t-il.

A la fin du mois d’avril de chaque année, des campagnes de sensibilisation sont organisées au Tchad pour susciter l’engouement des filles pour les TIC et encourager leurs parents à les orienter vers les sciences.

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