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L’opposition privée de législatives au Bénin

Le président béinois, Patrice Palon Copyright de l’image Getty Images
Image caption Le président béinois, Patrice Palon

Seuls deux partis de la mouvance présidentielle sont autorisés à prendre part aux prochaines élections législatives au Bénin, selon la commission électorale béninoise.

Cette institution chargée de l’organisation du scrutin a rendu sa décision mardi, après avoir étudié les dossiers de sept formations politiques. Cinq ont été recalées.

Ils disposent certes d’une voie de recours, mais la situation suscite un débat sur les acquis de la démocratie dans le pays.

Les conclusions de la Commission électorale nationale autonome (CENA) sont loin de faire l’unanimité dans les rues de Cotonou, la capitale. Certains estiment que ces rejets ont le mérite de mettre tous les partis de l’opposition au même niveau, pendant qu’une bonne partie de la population craint que le pays perde certains acquis démocratiques.

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« CENA égale Talon, Talon égale CENA, que voulez-vous que l’on dise ?!, je savais que cela allait finir ainsi », commente un habitant de Cotonou, faisant allusion au chef de l’Etat béninois, Patrice Talon.

« Nous avons déjà eu à faire du chemin, et il ne faudrait pas qu’aujourd’hui nous repartions en arrière. Je suis déçu, non pas en tant qu’opposant, ni militant de majorité, mais en tant que démocrate », déplore un autre Béninois.

« Aux grands maux il faut opposer les grands remèdes. Si la CENA était juste, elle devait éliminer tout le monde », juge un Cotonois.

L’opposition est dans la même logique. L’ancien ministre Candide Azannaï parle d’une comédie : « Nous sommes dans un cirque, et nous sommes en train de jouer. Aucun parti politique de la majorité présidentielle n’est à jour. Je vous le dis par expérience. C’est l’impasse, et puis quand même on ne peut pas faire un match Talon-Talon. »

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Image caption Emmanuel Tiando, Président de la Cena.

La CENA n’a retenu que les dossiers de candidature de deux partis politiques, sur la base de la loi, soutient sa vice-présidente, Geneviève Boko Nadjo. « Tous les partis politiques ont la possibilité de saisir la Cour constitutionnelle. Nous avons fait notre travail en restant collés au texte », ajoute-t-elle.

Certains des partis recalés font partie de la majorité présidentielle à l’instar du Moele-Bénin.

« Si, objectivement, ce ne sont que ces deux listes-là qui sont qualifiées pour aller aux élections, je n’ai pas d’objection à faire. Si ces motifs sont acceptables pour nous, nous allons nous préparer pour les élections communales et les élections législatives de 2023 », a réagi Jacques Ayadji, président du parti Moele-Bénin.

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C’est dans ce contexte que Patrice Talon a invité toute la classe politique à une rencontre, mercredi, après avoir échangé avec l’opposition.

Il a appelé les formations politiques à faire leurs propositions avant mardi prochain. Le chef de l’Etat a proposé au parlement de se réunir en session extraordinaire dès le weekend prochain, pour proposer des mesures.

Il a notamment lancé un appel du pied à ceux qui étaient absents à la réunion de la matinée.

« Je voudrais leur dire que tout est encore possible. Certes, ma volonté n’es pas de forcer la main aux partis politiques pour aller aux élections », a-t-il dit, déplorant « l’esprit de révolte et de mécontentement » de ceux qui ont boycotté la rencontre.

« Je les prie de bien vouloir participer aux échanges, afin que leurs problèmes puissent être débattus », a ajouté M. Talon.

A écouter :

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