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La Gambie lève le voile sur la mort de 11 soldats tués en 1994

Frédéric Tendeng, Banjul, BBC Afrique

Le siège de la Commission vérité, réconciliation et réparations de la Gambie Copyright de l’image Getty Images
Image caption Le siège de la Commission vérité, réconciliation et réparations de la Gambie

On en sait davantage du supposé contrecoup d’État du 11 novembre 1994 au camp militaire de Yundum, en Gambie, grâce aux auditions menées par la Commission vérité, réconciliation et réparations.

Onze soldats avaient été tués dans un échange de coups de feu, déclaraient les autorités de l’époque. Selon des personnes auditionnées par la Commission vérité, réconciliation et réparations, ils ont été exécutés sur ordre des putschistes, à la tête desquels il y avait Yahya Jammeh.

Dans la soirée du 11 novembre 1994, les Gambiens apprenaient à la radio d’Etat, Radio Gambia, qu’un contrecoup d’Etat a été étouffé quelques heures plus tôt, au camp militaire de Yundum, une petite ville située au sud de Banjul, la capitale. Chef de la junte arrivée au pouvoir quatre mois auparavant, le lieutenant Yahya Jammeh, déclare alors qu’un certain nombre de soldats ont été tués pendant l’affrontement visant à les neutraliser.

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Des auditions sur cet épisode du règne de l’ex-président Yahya Jammeh, on apprend que les 11 soldats ont été arrêtés un à un, puis exécutés de façon sommaire.

Sergent de l’armée gambienne au moment des faits, Alagie Kanyi avoue avoir appuyé la gâchette de sa Kalachnikov dans l’exécution de deux des 11 soldats tués ce jour-là.

 »J’ai reçu ordre d’ouvrir le feu sur eux et de causer leur mort. Et nous avons tiré sur eux. Ma rafale a touché les deux soldats. C’était rapide. Ils en sont morts », raconte-t-il.

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Image caption Les 11 soldats tués quatre mois après son arrivée au pouvoir l’ont été dans un contrecoup d’Etat, selon le régime de Yahya Jammeh (en photo).

Dans ses aveux circonstanciés, Alagie Kanyi affirme que les exécutions ont d’abord eu lieu au camp militaire de Fajara avant de se poursuivre à Yundum, puis au champ de tir de l’armée gambienne situé dans la forêt de Nyambaye.

Son témoignage est corroboré par un soldat de première classe au moment des faits, Sait Darboe. Lui aussi a été entendu par la commission.

Abdoulie Darboe est un rescapé de cette exécution. Ses bourreaux avaient miraculeusement décidé de lui épargner la vie après avoir exécuter neuf de ses camarades au champ de tir de Nyambaye.

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 »C’était entre six heures et sept heures du matin quand j’ai entendu quelqu’un leur dire d’arrêter. C’est en ce moment que nous avons reçu l’ordre de remonter dans un véhicule. J’ai rejoint ce véhicule qui nous a conduits au camp militaire de Yundum », témoigne M. Darboe.

Le témoin Alagie Kanyi a aussi avoué avoir joué un rôle dans la mort mystérieuse, le 15 juin 1995, de Koro Ceesay, qui était ministre des Finances de la Gambie au moment de son décès décrit par l’Etat gambien de l’époque comme un accident.

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