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Cinq choses à savoir sur le Nigeria, un colosse aux pieds d’argile

Les 5 choses à savoir sur le Nigeria, colosse aux pieds d'argile Copyright de l’image AFP
Image caption Les 5 choses à savoir sur le Nigeria, colosse aux pieds d’argile

Plus de 84 millions de Nigérians sont attendus aux urnes samedi le 16 février. Mais savez-vous tout sur le pays le plus peuplé d’Afrique et poids lourd économique du continent ?

1) L’Afrobeats, un son qui fait danser le monde entier

Ce sont des ondes qui s’exportent aux quatre coins du globe. Mais il ne faut pas confondre l’Afrobeats avec l’Afrobeat – sans s – de Fela Kuti, rythme traditionnel mêlant funk et jazz.

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Les ambassadeurs de l’Afrobeats – avec s – se nomment aujourd’hui Wizkid, Davido, Tiwa Savage et Jidenna. Et aux portes de l’Afrobeats se bousculent les majors de la musique, comme le groupe Universal Music ou Sony, qui ont implanté leurs bureaux au Nigeria, rien que pour ça.

Le vidéo clip le plus populaire est le morceau  »fall’ de l’artiste Davido avec plus de 110 millions de vues au compteur sur Youtube.

Selon la DJ Rita Ray, l’Afrobeats, « ce phénomène ouest-africain, ne domine pas seulement le son du continent, il s’est répandu dans les festivals de clubs et les radios du monde entier (…) et influence aussi les genres, de la grime au RnB, et les artistes, d’Ed Sheeran aux rappeurs Drake et Stefflon Don ».

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Image caption L’artiste Wizkid

Né d’une fusion entre la musique nigériane et l’Afro-pop ghanéen, l’Afrobeats est aussi saupoudré de hiplife, d’azonto et de dancehall.  »Ce qui rend l’afrobeats si fascinant, c’est le rythme – les Nigérians ont toujours été passionnés par les rythmes, c’est la force motrice de leur musique », explique Rita Ray.

2) Des écrivains dans la cour des grands

Au Nigeria se trouvent quelques-uns des plus grands auteurs du monde. Parmi eux, le regretté Chinua Achebe, dont le premier roman,  »Le monde s’effondre », est devenu un classique de la littérature postcoloniale. Il a été vendu à plus de 20 millions d’exemplaires depuis sa publication en 1958. Le livre a également été traduit dans 57 langues.

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Image caption Chinua Achebe, l’un des plus grands auteurs du monde, est auteur du roman  »Le monde s’effondre », un classique de la littérature postcoloniale, vendu à plus de 20 millions d’exemplaires depuis sa publication en 1958.

Quant à Wole Soyinka, il est le premier Africain à avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1986. Ben Okri est le premier à avoir remporté le très convoité Man Booker Prize en 1991. Et la relève est assurée et n’a rien à envier aux anciens. Parmi les nouveaux talents qui comptent aujourd’hui, la célèbre écrivaine, Chimamanda Ngozi Adichie, le visage du féminisme de ce siècle.

Les Nigérians sont connus pour consommer sans modération les proverbes au quotidien, donc pas surprenant qu’ils soient des conteurs nés. La puissante industrie cinématographique, Nollywood, peut elle aussi témoigner de l’amour des Nigérians pour les scénarios dramatiques.

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Image caption Parmi les nouveaux talents, on peut citer la célèbre écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie, le visage du féminisme de ce siècle.

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Un tour d’horizon avec Chimamanda Ngozi Adichie

3) La jeunesse, un potentiel énorme

La population nigériane n’arrête pas de croître à une vitesse vertigineuse. D’ici à 2047, elle détrônera même les États-Unis pour devenir le troisième plus grand pays du monde avec 387 millions d’habitants, selon les prévisions de l’ONU.

Le Nigeria a aussi l’avantage d’être un pays très jeune, avec plus de 40 % de la population âgée de moins de 14 ans. Il faut dire que plus de la moitié des électeurs inscrits sont âgés de moins de 35 ans et sont déjà appelés à jouer un rôle crucial dans cette élection.

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Image caption Le Nigeria a aussi l’avantage d’être un pays très jeune avec plus de 40 % de la population âgée de moins de 14 ans.

La jeunesse est donc bel et bien un formidable atout, notamment économique, pour le Nigeria. C’est d’autant plus vrai que la main-d’œuvre des pays plus développés vieillit. Mais c’est aussi un véritable défi pour les décideurs politiques.

Les jeunes diplômés se plaignent souvent du nombre réduit d’emplois qualifiés, et beaucoup ne cachent pas leur envie de quitter le pays.

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4) Du pétrole, mais pas assez d’électricité

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Image caption Il n’y a pas que l’Afrobeats qui fait vibrer le Nigeria… il y a aussi le vacarme des groupes électrogènes.

Il n’y a pas que l’Afrobeats qui fait vibrer le Nigeria… il y a aussi le vacarme des générateurs électrogènes.

Même si les Nigérians sont connectés au réseau électrique, ils ne peuvent se passer de ces générateurs à cause des fréquentes coupures de courant. Et dans certaines zones, les coupures peuvent même durer des semaines…

Un paradoxe lorsqu’on sait que le Nigeria est le plus grand producteur de pétrole, une manne vitale pour les recettes de l’État. Et malgré cette richesse, d’importantes disparités sociales existent dans le pays. Sans parler de la corruption, un véritable fléau au Nigeria.

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Image caption Le Nigeria est le plus grand producteur de pétrole, une manne vitale pour les recettes de l’État.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, même si la production d’électricité n’a cessé d’augmenter depuis 2000, elle a toutefois eu du mal à suivre le rythme de la croissance démographique.

Il faut savoir qu’un peu plus de la moitié des foyers nigérians ont accès à l’électricité, mais il y a un grand fossé entre les zones urbaines et rurales.

Selon le Bureau national de la statistique, plus de quatre foyers sur cinq dans les villes disposent d’une alimentation électrique, mais seulement un tiers des foyers ruraux en possèdent. En plus d’être le plus grand producteur de pétrole du continent, le Nigeria est aussi la plus grande économie, mais ses problèmes d’énergie ont entravé sa croissance.

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5) Le fief de Boko Haram

Le hashtag #BringBackOurGirls a attiré l’attention du monde entier. En 2014, l’enlèvement de plus de 200 filles dans une école de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, par les djihadistes de Boko Haram, a soulevé une vague d’indignation dans le monde.

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Image caption En 2014, l’enlèvement de plus de 200 filles dans le nord-est du Nigeria, par Boko Haram, a soulevé une vague d’indignation.

Le groupe est né en 2002 dans la ville de Maiduguri, dans le nord-est du pays, où les habitants l’ont surnommé Boko Haram, ce qui, en haoussa, signifie que « l’éducation occidentale est interdite ».

Andrew Walker, auteur d’un livre sur Boko Haram, explique que « l’idée que les politiciens corrompus n’étaient pas islamiques est devenue un tremplin pour le religieux musulman Mohammed Yusuf de fonder Boko Haram ».

La mort de Mohammed Yusuf, il y a près d’une décennie, a conduit le groupe à lancer des opérations militaires dans le but de créer un État islamique.

Des milliers de personnes ont été enlevées et d’autres recrutées dans ses rangs. Le groupe s’est même emparé de pans entiers du territoire dans trois États, imposant une charia stricte.

À son apogée, en 2015, Boko Haram a été classé par l’Institute for Economics and Peace comme le groupe terroriste le plus meurtrier du monde.

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Image caption En 2015, Boko Haram a été classé par l’Institute for Economics and Peace comme le groupe terroriste le plus meurtrier du monde.

Mais au cours des quatre dernières années, les militaires, avec l’appui de la communauté internationale, ont réussi à reprendre le contrôle d’une grande partie des territoires perdues et à sauver un grand nombre de ceux qui avaient été pris en otage. Pourtant, la menace Boko Haram n’est pas neutralisée pour autant et fait toujours des vagues. À ce jour, encore 112 écolières de Chibok manquent à l’appel.

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