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El Hadji Issa Sall, l’universitaire à la conquête de la présidence au Sénégal

Issa Sall est, comme Ousmane Sonko et Madické Niang, candidat à la présidentielle pour la première fois. Copyright de l’image AFP/Getty Images
Image caption El Hadji Issa Sall est, comme Ousmane Sonko et Madické Niang, candidat à la présidentielle pour la première fois.

El Hadji Issa Sall, l’un des cinq candidats à la présidentielle au Sénégal, est entré sur la scène politique depuis plus de deux décennies, mais le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) n’est sorti de l’anonymat que lors des élections législatives de juillet 2017. Avec une campagne électorale rondement menée, il s’est fait élire député.

Vingt ans se sont écoulés entre son élection comme membre du conseil régional de Fatick (centre) en 1996, pour un mandat de cinq ans, et son grand retour en politique.

Aux législatives de 2017, il est l’un des trois députés de son parti élus pour siéger à l’Assemblée nationale. El Hadji Issa Sall, dirigeant de la liste du PUR, fait ainsi de ce parti la troisième force de l’institution parlementaire avec trois députés sur un total de 165 – avec une écrasante majorité pour la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY).

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Image caption Le leader du PUR s’est trop investi dans l’informatique, étant le premier Sénégalais à décrocher un doctorat dans ce domaine.

Quel est son parcours?

El Hadji Issa Sall est né le 25 janvier 1956 à Tattaguine, une commune située dans le département de Fatick (centre). Il quitte cette ville après l’école élémentaire afin de s’installer à Saint-Louis, dans le nord, où il obtient un baccalauréat scientifique, qui lui ouvre les portes de l’Université de Dakar – l’actuelle Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

M. Sall décroche ensuite un diplôme universitaire de technologie – avec l’électronique comme option. Il est aussi titulaire d’un brevet de pilote privé et peut se targuer d’être l’un des premiers docteurs en informatique de son pays.

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L’ingénieur en informatique est également un « produit » du système universitaire américain puisqu’il a obtenu son doctorat en informatique aux Etats-Unis avant de regagner son pays et de travailler pour de nombreuses sociétés nationales (électricité, télécommunications, etc.). Il est auteur de plusieurs publications sur les systèmes informatiques.

Depuis 20 ans, El Hadji Issa Sall dirige l’un des plus prestigieux établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal, l’Université du Sahel, qu’il a fondée en 1998.

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Image caption El Hadji Issa Sall ne cache pas son identité confessionnelle en allant à la conquête des électeurs, dans un pays laïc.

Le député élu du PUR a obtenu l’investiture de sa formation politique pour l’élection présidentielle, le 8 décembre 2018, un challenge suivi, quelques semaines plus tard, de la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel.

Seuls cinq dossiers de candidature – sur un total de 27 – sont validés par les membres de la haute juridiction, dont le sien, ce qui le met en lice avec Macky Sall, le candidat de BBY à la recherche d’un second mandat, l’avocat et dissident du PDS Madické Niang, l’opposant et ancien Premier ministre Idrissa Seck, et enfin un autre opposant, Ousmane Sonko, un inspecteur des impôts et domaines renvoyé en 2016 de la fonction publique par le chef de l’Etat sortant.

Les cinq candidats retenus pour la présidentielle au Sénégal :

  • BIO
    • El Hadji Issa Sall, 63 ans, est un ingénieur en informatique formé au Sénégal et aux Etats-Unis.
    • Il est l’un des premiers Sénégalais à obtenir un doctorat en informatique (Université George Washington, 1995).
    • M. Sall dirige actuellement l’Université du Sahel, un établissement privé d’enseignement supérieur créé en 1998 à Dakar.
    • Il a travaillé pour de nombreuses sociétés nationales sénégalaises (électricité, télécoms) et américaines, dont la Digital Equipment Corporation (Massachusetts).
    • El Hadji Issa Sall est auteur de plusieurs publications sur les systèmes informatiques et le rôle des technologies de l’information et de la communication dans le renforcement de la démocratie.
    • Sur le plan politique, il a été premier vice-président du Conseil régional de Fatick (1996-2001) et coordonnateur national du Parti de l’unité et du rassemblement, créé en 1998.
    • M. Sall est élu député depuis 2017.
    • Il pratique le karaté et le taekwondo.
    • Il est investi candidat par le PUR.
  • BIO
    • Idrissa Seck, 59 ans, a été Premier ministre et maire de Thiès (ouest).
    • Il dirige actuellement le conseil général de Thiès.
    • Après les violences postélectorales de 1988, M. Seck interrompt sa carrière politique pour se consacrer à ses études à l’Université de Princeton (États-Unis).
    • Considéré comme le dauphin du président Wade, il est mis en cause pour la gestion des "chantiers de Thiès", un ensemble d’infrastructures que l’Etat a construites dans sa ville vers 2004-2006.
    • Idrissa Seck est arrêté le 23 juillet 2005 et passe six mois et demi en prison pour "détournement de fonds publics" et "corruption" présumés.
    • Libéré, il crée "Rewmi" (le pays ou l’Etat en wolof), un parti politique, et affronte Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2007.
    • Il arrive deuxième avec 14,86% des voix, derrière Wade (55,90%).
    • n 2012, M. Seck s’appuie sur les dispositions de la Constitution pour dénoncer et juger irrecevable la candidature de Wade aux élections.
    • Il est éliminé au premier tour, n’obtenant que 7 %.
    • Il dirige "Rewmi".
  • BIO
    • Macky Sall, 57 ans, est un ingénieur en géologie formé au Sénégal et en France.
    • Il a dirigé le ministère des Mines et de l’Énergie (de mai 2001 à novembre 2002), avant d’être élu député et vice-président de l’Assemblée nationale (de juin 2001 à novembre 2002).
    • M. Sall a été ministre de l’Intérieur (2003-2004).
    • Membre du Parti démocratique sénégalais (PDS), le parti d’Abdoulaye Wade, il est nommé Premier ministre pendant trois ans (avril-juin 2007), avant de revenir à l’Assemblée nationale en tant que président de l’institution parlementaire.
    • Renvoyé de l’Assemblée nationale en novembre 2008, par la majorité PDS dont il faisait partie, il rejoint l’opposition et est élu président de la République en 2012, battant Wade au 2e tour.
    • Il est investi par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), dirigée par son parti, l’Alliance pour la République (APR).
  • BIO
    • Madické Niang, 65 ans, est né à Saint-Louis (nord).
    • Il est avocat et homme politique. Ministre de la Justice dans plusieurs gouvernements, il a également dirigé le ministère des Affaires étrangères (octobre 2009-avril 2012).
    • M. Niang a fait des études de droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) et à Abidjan (Côte d’Ivoire).
    • Proche d’Abdoulaye Wade, il a assuré sa défense dans une affaire d’assassinat, lorsque Babacar Sèye, le chef de la Cour suprême du Sénégal, a été tué en 1993.
    • M. Niang a été élu député en juillet 2017 pour un mandat de cinq ans.
    • Il dirige la coalition "Madické2019".
  • BIO
    • Ousmane Sonko, 44 ans, est fonctionnaire.
    • Né en Casamance (sud), il a fait ses études supérieures à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), où il a obtenu une maîtrise en droit public (1999).
    • M. Sonko est ensuite entré à l’Ecole nationale d’administration, dont il sort avec un diplôme d’inspecteur des impôts et domaines.
    • Il crée quelques années plus tard le Syndicat des agents des impôts et domaines, qu’il dirige de 2005 à 2012.
    • Il entame ensuite une vive protestation contre le gouvernement de Macky Sall, lui reprochant moult malversations financières et fiscales.
    • Macky Sall le renvoie en août 2016 de la fonction publique à cause des révélations qu’il fait sur plusieurs dossiers économiques et financiers de l’Etat.
    • Président des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), créé en 2014, il est élu député en juillet 2017.
    • L’ascension exponentielle du leader des Pastef s’internationalise avec les visites qu’il rend aux Sénégalais vivant à l’étranger.
    • Il est investi par son parti.

Consultant international dans le domaine du traitement informatique des élections, El Hadji Issa Sall a pris part à l’organisation technique des scrutins électoraux qui se sont déroulées au Sénégal de 1993 à 2012, ainsi qu’aux élections présidentielle, législatives et locales du Burkina Faso en 2005 à 2007, selon une note biographique reçue de son directoire de campagne.

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Image caption Le candidat du PUR se présente comme un militant de la « diversité culturelle, ethnique et religieuse ».

Sur le plan religieux, il est membre de la confrérie musulmane des tidjanes et fait partie des responsables des « Moustarchidines », un mouvement sorti des flancs de ladite confrérie. Le principal leader de ce mouvement, Serigne Moustapha Sy, un haut dignitaire tidjane, a porté le PUR sur les fonts baptismaux, le 3 février 1998.

El Hadji Issa Sall ne fait pas mystère de sa proximité avec les tidjanes. Au contraire, lors de son investiture, il a réitéré son allégeance à Serigne Cheikh Tidjane Sy, le défunt khalife général de la confrérie et père de son camarade Serigne Moustapha.

Le PUR est-il pour autant un parti religieux ? « Il ne peut, en aucun cas, s’identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion… » proclame le parti sur son site Internet, en ce qui concerne son statut.

Son candidat, lui, s’engage, s’il est élu, « à respecter la diversité culturelle, ethnique et religieuse et à garantir la paix sociale… »

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« Président, au service de ma patrie, je m’engage à respecter et à faire respecter la Constitution dont je me porterai garant. Je serai le garant de la stabilité sociale, gage de paix et de cohésion », promet El Hadji Sall sur sa page Facebook.

Mais en affirmant son appartenance à une confrérie musulmane, le candidat du PUR décline son identité confessionnelle, ainsi que sa parenté religieuse avec des milliers, voire des millions d’électeurs, dans un pays où l’islam est largement majoritaire, mais un Etat laïc.

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