Ce 6 février, on célèbre la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). Une pratique concentrée essentiellement en Afrique et au Moyen–Orient. En Ouganda, de plus en plus de femmes adultes font volontairement recours aux MGF.
Sylvia Yeko a décidé de se soumettre à la mutilation génitale féminine (MGF) il y a trois semaines, à l’âge de 26 ans, alors que cette pratique est interdite en Ouganda depuis 2010.
Sa cérémonie de circoncision a eu lieu en public.
« Au cours de cette journée, je me suis sentie si fière. Avant ma circoncision, j’étais considéré comme un enfant, mais maintenant je suis quelqu’un de respecté », a déclaré Mme Yeko à la BBC.
Elle sait qu’elle pourrait être condamnée à cinq ans de prison parce qu’elle s’est fait exciser, mais elle insiste sur le fait qu’elle veut être identifiée.
Dans l’est de l’Ouganda, où elle vit, la mutilation génitale féminine est considérée comme un rite de passage obligatoire pour la femme, avant le mariage.
Il existe une pression sociale obligeant les femmes à s’adonner aux MGF. Celles d’entre elles qui ne sont pas excisées ne peuvent pas participer à certaines activités coutumières et sont toujours considérées comme des enfants. Cela incite certaines femmes adultes à se faire exciser.
La pratique, qui ne concernait auparavant que les adolescentes, a été interdite en Ouganda en 2010.
Le père de Mme Yeko, Arapkwures Chemegich, qui est opposé aux mutilations génitales féminines, affirme que la législation contre l’excision a créé des « poches de résistance ».
« Quand nous avons essayé de l’arrêter, elle s’est débattue et a cassé la porte », dit-il, parlant de Sylvia Yeko. « Je pense que les MGF devraient être arrêtées, mais avec quelle méthode ? Cela ne devrait pas être quelque chose de forcé, ça devrait aller de pair avec l’éducation reçue par les gens », explique M. Chemegich.
L’éducation comme une arme
Bishara Sheikh Hamo, membre de la communauté des Borana, dans le comté d’Isiolo, au Kenya, a été excisée à l’âge de 11 ans. L’opération a engendré chez elle des règles irrégulières, des infections récurrentes et une incontinence urinaire.
« En une journée, j’allais plus de sept fois aux toilettes et changeais mes vêtements environ trois ou quatre fois. Parfois, je me sentais déprimée à cause de l’odeur », se souvient-elle.
Bishara Sheikh Hamo n’a pu accoucher que par césarienne. Elle a souffert de son mal pendant 13 ans, avant qu’une chirurgie reconstructrice ne change sa vie.
Aujourd’hui, elle est devenue une militante anti-MGF.
Qu’est-ce que la MGF ?
La mutilation génitale féminine ou MGF consiste à couper ou à retirer délibérément une partie des organes génitaux externes de la femme. Souvent, il s’agit de couper les lèvres ou le clitoris.
Il existe quatre types de MGF :
Le type 1 ou clitoridectomie est la suppression totale ou partielle du clitoris et de la peau qui l’entoure.
Le type 2 ou excision est l’ablation partielle ou totale du clitoris, des petites lèvres ou des plis intérieurs de la peau entourant le vagin.
Le type 3 ou infibulation consiste à couper et repositionner les petites lèvres et les grandes lèvres – les plis extérieurs de la peau qui entourent le vagin. On procède souvent à une couture pour ne laisser qu’un petit espace.
Le type 4 couvre toutes les autres procédures préjudiciables telles que la piqûre, le perçage, l’incision, les piqûres et la cautérisation du clitoris ou de la région génitale.
Pourquoi est-elle pratiquée ?
La MGF est souvent considérée comme la garantie d’un comportement sexuel adéquat. Elle consiste, pour les communautés qui la pratiquent, à préparer une fille ou une femme à l’âge adulte et au mariage, à lui garantir une « féminité pure ».
Elle est couramment pratiquée sur les jeunes filles, souvent entre la petite enfance et l’âge de 15 ans.
Selon les Nations unies, 200 millions de filles et de femmes ont subi aujourd’hui une forme de mutilation génitale féminine.
Bien que principalement concentrée dans 30 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, elle est également pratiquée dans certains pays d’Asie et d’Amérique latine, ainsi que chez les populations immigrées vivant en Europe occidentale, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Quels sont les risques ?
Les risques incluent des saignements sévères, des problèmes urinaires, des infections, la stérilité, un risque accru de décès néonataux et de complications lors de l’accouchement.
L’infibulation est non seulement extrêmement douloureuse et pénible, mais elle provoque aussi un risque d’infection élevé : la fermeture du vagin et de l’urètre laisse une très petite ouverture à l’intérieur de laquelle les urines et le liquide menstruel peuvent passer.
L’ouverture peut parfois être si petite qu’elle doit être élargie pour permettre un rapport sexuel ou un accouchement correct, ce qui entraîne souvent des complications qui nuisent à la fois à la mère et au bébé.