L’exposition met en lumière l’opposition entre le style vestimentaire féminin et le viol.
La capitale Sénégalaise accueille au Musée de la femme Henriette Bathily une exposition sur le thème « T’étais habillée comment ? » du 18 Octobre au 10 Décembre 2018.
L’intitulé de cette exposition est souvent la question que l’on pose hélas à des victimes lorsqu’elles se retrouvent dans des postes de police ou de gendarmerie ; un peu comme s’il y avait un lien entre le viol et le style vestimentaire.
L’objectif de cette exposition est de lutter contre l’idée selon laquelle : les femmes se font violer en raison de leur tenue provocante.
Dans la salle du rez-de-chaussée du Musée, des vêtements féminins sont alignés les uns à côté des autres et font automatiquement penser à des femmes d’âge différent.
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De la lingerie à la tenue militaire en passant par l’ensemble tailleur, ces vêtements du quotidien racontent pourtant une même réalité celle du viol.
Force est de constater, que les agressions sexuelles prennent différentes formes et sont à l’origine d’un sentiment de rejet personnel chez les victimes.
Viol conjugal, viol en milieu professionnel, viol perpétré par un individu du même sexe, viol sur mineur ou sur une personne plus âgé…sont autant d’agressions subies et qui à y regarder de près n’ont rien à voir avec la tenue.
Sinon comment s’expliquer, qu’une femme en uniforme (militaire) puisse être victime d’un viol de la part de quelqu’un qui est censé respecter l’autorité qu’elle incarne ?
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L’habit ne fait donc pas le viol car la femme doit pouvoir disposer de son corps et se sentir à l’aise dans le vêtement qu’elle a envie de mettre.
Voilée, en jean, en pantalon moulant, en mini-jupe, en short ou en débardeur…les femmes ne sont pas à l’abri d’une agression sexuelle d’où l’appel de Fatou Kiné Diouf, la commissaire à questionner autrement la réalité du viol.
L’idée ne serait plus de demander pourquoi les femmes se font violer mais pourquoi les hommes commettent le viol sans tenir compte du fait qu’il s’agit d’un acte qui déshumanise la femme.
Au-delà, c’est un acte qui marque la femme toute sa vie lorsqu’il est commis dès le bas âge.
Dans ce débat sur le viol, certains hommes brandissant des valeurs socio-culturelles ou religieuses se sont donné le pouvoir de dicter aux femmes ce que doit être leur tenue vestimentaire.
Le viol devient dans leur entendement un moyen de répression pour toutes celles qui s’écartent de ce dress code.
Mais même en mettant un voile et en étant couverte de la tête aux pieds, rien ne garantit qu’une femme soit à l’abri du viol.
Le viol semble hanter la vie des femmes même dans le lit conjugal !
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Paroles de victimes
« Un pyjama, on dormait dans la même chambre. Ça a duré de mes 4 ans à mes 9 ans. J’ai essayé de me suicider à deux fois, mais on dirait qu’on ne veut pas me laisser partir »
« Une robe : je me croyais en sécurité avec une femme mais je me suis réveillée alors qu’elle me violait elle aussi »
« C’était la nuit dans ma chambre…par mon beau-père. Lorsque je l’ai raconté à ma mère, il a essayé de me tuer. J’ai encore des cicatrices au cou et au ventre là où le couteau m’a transpercée »
« Le pagne et le haut avec lequel je travaille. Mon patron a profité de l’absence de sa femme pour me forcer à avoir des rapports avec lui. J’avais 15 ans et je suis tombée enceinte »
L’Université du Kansas aux Etats Unis, Jean Brokman et le Dr Mary Wyandt-Hiebert sont à l’origine de l’exposition « T’étais habillée comment ? » initié pour la première fois en 2013 et inspiré du poème du même nom écrit par le Dr May Simmerling.
Dans sa déclinaison nationale au Sénégal, l’exposition vise à présenter le viol comme un véritable fléau social autour d’un vernissage mais également de panel notamment sur la prise en charge des victimes et le rôle des médias dans la lutte contre le viol.
L’exposition est aussi un moment où des voix s’élèvent pour dire halte au viol et pousser l’opinion à comprendre les dangers de ce crime.