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Les premiers footballeurs africains en Europe

L'équipe du FLN à son jubilé au stade du 5 juillet 1962 en 1974. De gauche à droite : Debout : A.Sellami - Doudou - Zouba - Rouai - Amara - Zitouni - M. Soukane - Bouricha - Oudjani - Boubekeur Assis : Mazouz - Kerroum - Benfadah - Bouchouk - A. Soukane - Kermali - Mekhloufi - Oualiken Copyright de l’image HTTP://SEBBAR.KAZEO.COM
Image caption L’équipe du FLN à son jubilé au stade du 5 juillet 1962 en 1974. De gauche à droite : Debout : A.Sellami – Doudou – Zouba – Rouai – Amara – Zitouni – M. Soukane – Bouricha – Oudjani – Boubekeur Assis : Mazouz – Kerroum – Benfadah – Bouchouk – A. Soukane – Kermali – Mekhloufi – Oualiken

De Hussein Heggazi à Larbi Ben Mbarek, en passant par Raoul Diagne et Ali Bennouna, le parcours des premiers footballeurs africains en terre d’Europe n’a pas été de tout repos. Voici leur histoire.

Le football est le sport roi dans la plupart des pays du monde.

Nul doute, il est le jeu le plus populaire de la planète.

C’est aussi le sport des pauvres.

Sa pratique ne requiert pas d’infrastructures sophistiquées ni de moyens difficiles à trouver.

Il suffit d’un terrain vague dans une bourgade africaine ou d’une ruelle abandonnée dans une favela au Brésil pour que les enfants les plus démunis débordent de joie en s’adonnant à leur passion.

Taper dans un modeste ballon en plastique, souvent les pieds nus, à longueur de journée forgeât des champions légendaires de la trempe de George Weah, Roger Mila, Ronaldinho, Maradona, ou autre Lakhdar Belloumi

Le football a été salutaire pour des générations de joueurs issue du continent africain.

Il les aidait à s’affirmer et se défendre contre les préjugés et les autres formes d’abus et d’injustice.

Sur les terrains de football, la contribution des joueurs africains à l’essor football européen est indéniable.

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On leur doit la technique spectaculaire et la fougue dans le jeu.

Les Salah, Mane, Mahrez et autre Benatia font le bonheur de leurs équipes dans la Champions League, la plus huppée des compétitions de football mondial.

Rares sont les équipes nationales européennes qui ne bénéficient pas aujourd’hui de l’adoption et la naturalisation de joueurs d’origines africaines.

La France doit sa première coupe du monde en 1998 au légendaire magicien Zinedine Zidane, Algérien d’origine.

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Image caption Eusébio, l’un des meilleurs footballeurs de l’histoire est de la Mozambique

Eusébio, l’un des meilleurs footballeurs de l’histoire est originaire de la Mozambique. Il a écrit les plus belles pages de l’histoire du football portugais.

La Coupe du monde 2018 en Russie a vu l’émergence de super stars d’origines africaines dont Kylian Mbappe et Paul Pogba pour la France ou Romelo Lukako et Merouane Felaini pour la Belgique.

L’Allemagne, La Suède, l’Italie, l’Angleterre, la Hollande et toutes les grandes nations européennes de football comptent dans leurs rangs des joueurs adoptés d’Afrique.

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L’enfant du Nil

Copyright de l’image Corinthian

Image caption Hegazi (troisième à partir de la droite -Debout-) est le premier africain à joueur en Angleterre

Tout a naturellement commencé en Angleterre, berceau historique du football.

Dès le début du 20ème siècle, le football prenait une ampleur internationale.

Le premier footballeur africain à fouler les stades en Europe fut l’Egyptien Hussein Hegazi.

Il joua pour Fulham le 11-11-1911 et inscrit par la même occasion son premier but contre l’équipe de Stock Port County.

Hegazi, né en septembre 1891 dans une famille aristocrate du Delta, était venu à Londres en 1910 pour faire des études d’ingénieur à l’université de Cambridge.

Il atterrit dans un premier temps à Dulwich Hamlet FC, une équipe de division inférieure, avant de capter l’attention des recruteurs des équipes de l’élite du championnat anglais.

L’attaquant égyptien a fait sensation dès sa venue en Angleterre et a séduit tout le monde par sa finesse de jeu, sa rapidité et sa force de frappe.

Hegazi a ouvert la voie de l’Europe aux footballeurs africains.

Chez lui, on l’appelle fort judicieusement le père du football égyptien.

Une rue célèbre du Caire porte aujourd’hui son nom.

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L’Afrique du Nord en masse

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Image caption Le FC Sète est le vainqueur de la Coupe de France en 1934 contre l’Olympique de Marseille (et champion de France la même année),

Les footballeurs d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie avaient déjà croisé le fer avec ceux de la France métropolitaine dès le début du 19ème siècle.

Une sélection nord africaine avait joué deux fois de l’autre coté de la méditerranée et avait les deux fois battu l’équipe de France en 1924 et 1925.

Par leur talent exceptionnel et leur fougue impressionnante, les joueurs venus des colonies ont vite séduit les équipes naissantes de la métropole.

Le premier Maghrébin à joindre une équipe de football en France fut l’Algérien Ali Benouna.

Il signe au FC Sete en 1930, suivi de son compatriote Abdelakader Ben Bouali.

Né à Chlef en 1912, Benouna l’excellent ailier et dribleur de charme gagne la coupe de France avec Sete en 1934.

Il opte ensuite pour le Stade Rennais où il confirme son talent.

Son excellente performance au niveau des clubs lui a valu deux convocations en équipe de France, pays colonisateur de l’Algérie à l’époque.

Il était également le premier Maghrébin à porter le maillot tricolore. Il joue le match perdu par la France 3- 0 contre la Tchécoslovaquie en février 1936 et gagne en amical contre la Belgique en mars de la même année.

Il décède à Alger en Novembre 1980.

La présence de joueurs nord africains en championnat français devient par la suite des plus ordinaires. Leur nombre atteint la quarantaine avant la seconde guerre mondiale.

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Le phénomène Ben MBarek

Copyright de l’image Faouzi Mahjoub

Image caption Larbi ben Mbarek

Apres cette première vague de joueurs nord africains, la France accueille une vraie légende de football, venue de l’autre rive de la méditerranée.

Le Marocain Larbi Ben MBarek fut remarqué par les recruteurs dans son pays natal en 1937 lors d’un match France-Maroc.

L’Olympique de Marseille en quête de l’oiseau rare dans les colonies françaises l’engage l’année d’après. Il y rejoint les algériens Riahi Rabih et Abdelkader Ben Bouali déjà titulaires à l’OM.

Il n’aura fallu que quelques appariations pour que l’enfant terrible de Casa devienne la sensation dans toute la France. La presse le surnomme tout de suite la perle noire en raison de la couleur de sa peau.

Mais c’est surtout son énorme talent qui faisait parler de lui. Sa technique hors du commun et son efficacité exemplaire éblouissaient les foules.

Il ne tarde pas à gagner une place de titulaire en équipe de France qui renoue avec les victoires sur les grandes nations de football avec Ben Mbarek en meneur de jeu.

Interrompue par la guerre mondiale 1939-1945 la carrière de Ben Mbarek se poursuivra après en Espagne à l’Atletico Madrid ensuite un retour à Marseille.

Apres une longue carrière très riche en titres et en succès en Europe, Ben Mbarek retourne au bercail et finit ses jours dans la misère et l’anonymat total.

Il a défendu les couleurs de l’équipe de France pendant 16 ans de 1938 à 1954 mais n’a jamais pour autant été naturalisé Français. Il décède dans l’oubli en septembre 1992. Son cadavre ne fut découvert que trois jours après sa mort.

Une fin tragique pour un homme que d’aucuns considèrent comme le meilleur joueur de toute l’histoire du football. Le roi Pelé lui-même avait dit : ‘si je suis le roi du football, Ben Mbarek en est le Dieu’.

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Le temps de l’Afrique sub-saharienne

Les joueurs d’Afrique sub-saharienne tardent à joindre les championnats européens du fait qu’ils étaient rarement intégrés dans les équipes locales de leurs propres pays, dominées par les colons.

Copyright de l’image Fédération française de Football

Image caption Raoul Diagne

Le premier noir africain sélectionné en équipe de France fut Raoul Diagne né en Guyane de père sénégalais et de mère française parisienne.

Diagne joue son premier match avec les Bleus le 25 janvier 1931 contre l’Italie.

Ce n’est après la seconde guerre mondiale que les footballeurs sub-sahariens deviennent de plus nombreux en France.

L’équipe de Saint-Etienne s’attache les services du camerounais Eugène N’Jo Léa. Il conduit, avec son compatriote africain d’Algérie Rachid Makhloufi, les Stéphanois au titre de champions de France en 1957.

Dans les années 60, le béninois Lucien Cossou et les martiniquais Paul Chillan et Daniel Charles-Alfred sont les footballeurs noirs les plus en vue dans l’hexagone.

Ils seront suivis par Les Marius Trésor et Gérard Janvion, deux éléments clés de l’équipe de France des années 70.

Le Malien Jean Tigana et l’ivoirien Basile Boli viendront ensuite allonger la liste des footballeurs noirs africains qui ont fait les beaux jours de l’équipe de France.

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