Les diplômes de Bachelier en médecine que les universités du Burundi octroient aux finalistes de la 6e année de la faculté de médecine ne sont reconnus nulle part. Même dans le pays, aucune loi ou texte en parle. Selon l’ordre des médecins du Burundi, ces bacheliers n’ont pas droit de pratiquer l’art de guérir. Déjà, les détenteurs de ces diplômes ainsi que certains praticiens de la médecine réclament le grade de Docteur en médecine, reconnu sur le plan international.
Selon le décret-loi n°.1/16 du 17 mai 1982 portant Code de la Santé Publique, article 91, l’autorisation d’exercer la médecine sur le territoire du Burundi est accordée “aux personnes titulaires d’un diplôme de Docteur en médecine reconnu par la commission d’équivalence des diplôme. Cette loi est toujours en vigueur. Ainsi, l’ordre des médecins refuse d’inscrire ces bacheliers car, ils n’ont pas de grade requis par la loi.
“Nul n’est censé ignorer la loi. En la lumière de l’article 91 du décret-loi n°.1/16 du 17 mai 1982 portant Code de la Santé Publique, pour pratiquer l’art de guérir, il faut être un docteur en médecine et inscrit au tableau de l’ordre des médecins Burundi (OMB)”, insiste Pierre Sylvain Nzeyimana, président du conseil d’administration de l’OMB, motivant le rejet des diplômes de bachelier en médecine. C’était le vendredi 11 mars à l’INSP, pendant la journée de réflexion sur le devenir de la profession médicale au Burundi organisée par SYNAPS.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les 3 promotions qui avaient déjà terminé et attendaient impatiemment leurs diplômes pour se chercher un emploi. Pour certains, ils avaient déjà décroché un emploi en tant que médecin généraliste. Ils avaient déposé leurs attestations de réussite tenant lieu du diplôme sur lesquelles est inscrit le grade de Docteur en médecine. Actuellement, ils craignent la perte du pain qu’ils gagnaient.
Le corps soignant va souffrir du manque de personnel.
En conséquence de ce grade de bachelier en médecine, la population va perdre de l’espoir qu’elle avait envers les médecins craint Dr Vincent Ndayizigamiye, président du syndicat national du personnel de la santé, SYNAPS. “Peu d’étudiants vont intégrer la faculté de médecine, vu que cette dernière est longue et exigeante d’une bonne note et de la passation d’un test d’entrée », dit-il avant de conclure que le niveau de la santé va chuter dans le pays.
D’ailleurs, le Burundi a un besoin des médecins dans toutes les provinces, estime Dr Pierre Sylvain Nzeyimana. Depuis son existence, le tableau de l’ordre des médecins du Burundi compte 2720 médecins inscrits y compris ceux qui ne travaillent plus dans le pays et ceux qui sont allés en retraite, signale-t-il, au moment où la politique nationale prévoit au moins un hôpital dans chaque commune.
Bachelier en médecine: un grade tellement local?
D’aucuns se demandent sur quel système éducatif Gitega s’est référé. Le bachelier en médecine ne sera reconnu nulle part en dehors du territoire national. Dans la région de la communauté est-africaine (EAC), ce grade n’existe pas, sauf s’il y avait eu une traduction littérale de MBBS (Bachelor of Surgery) donnée dans certains pays de la région, pense Dr Ndayizigamiye. Dans des pays comme le Rwanda et la Tanzanie, le diplôme d’un docteur en médecine est MD ( Medical Doctor).
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Ces diplômes existent à l’université catholique de Louvain et sont donnés aux étudiants de la faculté de médecine qui terminent la 3e année. Si un burundais qui a ce diplôme va en Europe, il sera considéré comme celui ayant la 3e année de médecine et aura à reprendre les 3 ans pour avoir un diplôme de docteur en médecine, octroyé aux finalistes de la 6e année de la faculté de médecine, s’inquiète Dr Nzeyimana, soulignant de probables conséquences.
A l’Université libre de Bruxelles, de laquelle s’inspirait l’université du Burundi depuis des années, le diplôme octroyé aux finalistes de la 6e année de médecine est celui d’un docteur en médecine.
A tout prix, un diplôme de docteur en médecine
Des étudiants et des chevronnés dans le sérail de la médecine réclament tous que le grade de docteur soit remis aux finalistes de la faculté de médecine. “Ce n’est pas raisonnable que le grade de bachelier, octroyé aux finalistes des 3 années post secondaire soit le même pour celui qui a fini 6 ans”, dit Dr Epipode Ntawuyamara, médecin enseignant-chercheur de l’université du Burundi. Bien que le pays soit entré dans le système BMD, il faut que ça soit équitable au moins car, “time is money” soulignant la différence des crédits étudiés en médecine.
Dans le même sens d’onde, Ndayizigamiye suggère que si le ministère de l’éducation et de la recherche scientifique a voulu respecter l’harmonie du système BMD, il faut octroyer à la 3e année un diplôme de baccalauréat en biologie humaine, un diplôme de maîtrise en 5e année et un diplôme de docteur en médecine à la fin de la 8e année comme prévu pour d’autres domaines.
Signalons que le Burundi dispose de seulement trois universités autorisées à former des étudiants dans l’art de guérir. C’est l’université du Burundi, l’université de Ngozi et l’université espoir d’Afrique.
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Eric Niyoyitungira