Dans le cadre de la journée internationale de l’hygiène menstruelle célébrée le 28 Mai de chaque année dans plusieurs pays, African Women in Action en collaboration avec le ministère des droits de la personne humaine, des affaires sociales et du genre et sous l’appui de l’ambassade de France ont organisé ce jeudi 13/6/2019 une conférence-débat sur la gestion de l’hygiène menstruelle au Burundi. Un cadre d’échange qui a réuni plus de 60 participants y compris les décideurs politiques, les agences des Nations Unies ainsi que d’autres organisations nationales et internationales œuvrant dans ce secteur. L’objectif était d’élever le débat afin d’interpeller les parties prenantes sur la necessité d’une stratégie commune pour une meilleure gestion de l’hygiène menstruelle au Burundi. Les activités ont eu lieu à Martha Hôtel à Bujumbura.
De nos jours, personne n’ignore que l’hygiène menstruelle reste un sujet tabou dans la société burundaise. Même si les différents activistes essaient d’en parler en mettant sur pied des campagnes de sensibilisation, il y a encore du chemin. Selon les statistiques, le Burundi enregistre actuellement une population totale de 12.133.221 dont 48,2 % d’hommes et 51,8 % de sexe féminin. Sur 3.500.000 de femmes burundaises de 12 à 50 ans qui sont en âge de menstruation, 80% d’entre elles ne peuvent pas se procurer des serviettes hygiéniques.
Une situation catastrophique et désolante, indique Mia Nicole Uwimana, fondatrice et directrice de African Women in Action. « Pendant leur période menstruelle, elles utilisent différents objets bruts soit les chiffons, les morceaux de tissus usés, les feuilles de banane, les cartons,…qui sont porteurs des infections de toute sorte. Elles n’osent pas se faire soigner parce que c’est tabou, personne n’en parle », déplore Nicole Uwimana.
Mia Nicole Uwimana,fondatrice et directrice de African Women In Action.©DR
Une stratégie commune s’impose !
L’échange-débat portait sur 2 sujets : Que faire pour avoir une stratégie commune sur la gestion de l’hygiène menstruelle au Burundi ? Quel serait le rôle de chaque acteur intervenant dans ce domaine pour la mise en œuvre de cette stratégie ?
Au cours de ces échanges, les intervenants ont convergé sur le fait que la solution n’est pas seulement la distribution de serviettes hygiéniques mais que la sensibilisation et l’éducation à l’hygiène menstruelle sont également cruciales pour une solution drurable et un changement de mentalité dans la société.
Certains intervenants comme l’UNICEF, FNUAP, PAM, et d’autres ont parlé des réalisations déjà effectuées au sein de leurs programmes afin de contribuer à la gestion de l’hygiène menstruelle au Burundi. Ils ont tous acclamé l’idée d’une stratégie commune car en se mettant ensemble dans un cadre de collaboration, les acteurs intervenant dans ce domaine pourraient faire plus et répondre largement aux problémes liés à la gestion de l’hygiène menstruelle au Burundi.
Du tabou à l’émancipation…
S’exprimant sur le thème de la conférence-débat « Du Tabou à l’Emancipation », Nicole Uwimana fait savoir que la meilleure façon de briser le tabou sur les menstruations est de démontrer le coût de l’inaction face à cette problématique qui affecte plusieurs aspects de la vie des femmes. « Au-delà des tabous et des mythes culturels, la question des menstruations pose de vrais problèmes dans la vie courante des femmes en générale, et des femmes défavorisées en particulier, les empêchant à s’épanouir et à réaliser leur plein potentiel. Les enjeux sont multiples : la santé, l’éducation, l’économie et les droits des femmes”, dit-elle.
« Avec l’hygiène menstruelle, les menstruations apparaissent progressivement comme un élément central de l’égalité des sexes, des droits des femmes et du développement. Les menstruations font en effet partie intégrante du cycle qui permet à l’espèce humaine de se perpétuer, elles devraient pour cette raison être mises à l’honneur non seulement aujourd’hui mais aussi chaque jour de l’année, au lieu de susciter la honte et le dégoût. Pouvoir gérer les menstruations en privé, en sécurité et dans la dignité est un droit fondamental pour toute femme. Il faut redonner la dignité aux femmes. C’est un droit fondamental leur permettant de réaliser leur potentiel. C’est pour cela que nous avons invité les preneurs de décision dans ce secteur pour leur faire part de la gravité de la situation. African Women in Action a pour ambition de faire évoluer les mentalités et trouver des solutions innovatrices et durables » martèle Mia Nicole.
Serviettes hygiéniques réutilisables (Ikirezi Pad) ©DR
Vers la fin de la conférence, l’organisatrice s’est réjoui du déroulé et promet de faire des descentes à l’intérieur du pays pour plus de sensibilisation auprès de la population et de l’administration. Ce n’est que le début ! Le besoin est criant.
Fleurette HABONIMANA
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