Plus la peine de se bousculer pour prendre le bus, maintenant on fait la queue ©DR
Dans une atmosphère un peu relaxe, c’est en attendant le bus que l’on se rend compte que oui, le Burundi est riche. Riche de ses hommes et femmes, chacun avec une particularité bien à lui. Il y en a qui te feront sourire, d’autres qui te sembleront tombés du ciel, pendant que d’autres te rappellent que vraiment, on est différent. Un vrai arc en ciel ces humains ! Leur personnalité peut parfois prendre le dessus quand pendant des heures, l’on attend un bus pour rentrer chez soi.
Plus la peine de se bousculer pour prendre le bus, maintenant on fait la queue. De 10, 15, 30 à même 1 heure, on peut patiemment (pas forcement) les passer à attendre un bus. Faisant la queue, tu trouveras toujours au moins 5 profils typiques à chaque file d’attente. Mesdames et Monsieur, nous vous présentons …
Les envahisseurs
Les envahisseurs nous envahissent carrément. Ils sont fidèles à eux-mêmes et sont classés en 2 parties. Il y a les charmeurs qui ont de ces regards qui te poussent à leur laisser une place sur la file d’attente. Ils maitrisent bien leur rôle, cerner les plus faibles pour passer devant.
Il y a les rusés, ceux-là sont aussi appelés des escrocs gentils. Un peu de gentillesse dans leurs mots et tu te demandes pourquoi tu serais le méchant dans l’histoire et tu lui laisse une place devant toi.
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Les DJ en devenir
Tu veux garder ta place et ne pas paraitre méchant aux yeux des gens ? C’est le profil à adopter « Sourd ET Muet ». C’est ceux qui se protègent contre des envahisseurs sans émettre aucun bruit. Immunisés contre le charme et la gentillesse, ils peuvent facilement se déconnecter du monde. Les « DJ en devenir » portent toujours des casques ou écouteurs, histoire de ne rien entendre du monde extérieur. Les DJ en devenir gardent leurs yeux plaqués au sol, jusqu’à ce que le bus arrive bien évidement.
Les arrogants
Aux visages bien fermes, ils n’ont ni écouteurs dans les oreilles, ni de téléphones dans la main. Ils ne parlent à personne mais ont un air de jugement. Comme si tout ce qui est autour d’eux était répugnant. La seule question que tu pourrais oser poser aux arrogants serait de savoir « uyu murongo n’uwa hehe ? » (Cette ligne est pour quel bus ?). Et tu le demandes avec frayeur à cause de leurs visages crispés. Juste à la vue de leurs visages, tu comprends que cette personne n’a vraiment pas envie de parler mais c’était juste une question pour l’amour du ciel.
Les désespérés
Les désespérés attendent patiemment la venue du bus… à l’alimentation « Idéal ». Dans leurs têtes, ils font la queue. La seule différence c’est qu’ils ont choisis de s’en éloigner à quelques kilomètres pour ne pas accentuer la fatigue du jour.
D’autres sirotent un verre dans un bar souvent proche des arrêts bus, on va les appeler les «turindire ko umurongo ugabanuka » (attendons que les files d’attente raccourcissent). C’est généralement aux alentours de 20h qu’ils quittent le bar. Il n’y a plus de longues files d’attente et il y a toujours un bus. Il y en a d’autres qui, extenués, n’iront pas à l’alimentation ni au bar. Ils restent sur la ligne mais s’assaillent par terre et semblent être les plus malheureux du monde.
La dernière catégorie est celle qui va prendre le taxi collectif. Pour 1000FBu ou 1500FBu, tu arrives plus vite et tu échappes aux longues files.
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Les maitres de cérémonie
C’est ceux qu’on aimerait tous avoir à nos côtés. Les maitres de cérémonie sont ces personnes qui redonnent du courage aux désespérés, qui se moquent des arrogants, qui affrontent les envahisseurs et qui comprennent les DJ en devenir. Les maitres de cérémonie mettent de l’ambiance, ils animent les autres par des blagues. Ils se familiarisent facilement avec les personnes devant et juste après eux sur la ligne. Quand le bus traine, C’est sont les seuls à pouvoir propager un sourire des fois.
Plus la peine de penser trop aux bus, maintenant on fait la queue. Mais cela n’empêche pas la vie de suivre son cours et d’être belle quand elle veut. Quand on attend le bus, on entre dans un autre monde. Un monde qui semble durer l’éternité mais qui à la fin n’est pas si mauvais que ça.
Huguette Izobimpa