Léonidas Manirakiza, enseignant/chercheur à l’ENA ©Akeza.net
Dans les écoles publiques, dès la 5è primaire, la langue française devient le moyen d’apprentissage le plus utilisé en classe. Toutefois, apprendre la langue française ne veut pas dire savoir l’utiliser et encore moins bien l’utiliser.
Lors de la célébration de la Journée Internationale de la Francophonie ont été partagées quelques recherches sur la Francophonie au Burundi. Parmi ces recherches, celles de Pierre Nduwingoma, enseignant-chercheur à l’Institut de Pédagogie Appliquée à l’Université du Burundi révèlent une situation alarmante.
« Le français a perdu un grand nombre d’heures dans le système fondamental. Ce qui n’est pas sans conséquences sur le niveau des apprenants », dit-il. Selon la grille-horaire des collèges de 1990 à 2006, le Français occupait 83% des cours enseignés en 7è et 53,8% dans d’autres classes.
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Comparé à l’ancien système, le français chute d’heures d’apprentissage jusqu’à 14,2% par rapport aux autres cours dispensés dans les écoles fondamentales. Les heures d’apprentissage ont été diminuées mais cela avantage-t-il les élèves ? A ce premier défi, s’ajoute la non qualification d’un bon nombre d’enseignants. Selon les recherches faites et partagées par M. Pierre, « une bonne partie des enseignants n’est ni qualifié (43,42%) ni expérimenté (49%). La non qualification des enseignants surtout en milieu rural s’estime à (71,4%) dans les écoles fondamentales ».
La formation des formateurs s’exige
Jean Paul Mortelette est celui qui coordonnait la semaine (du 16 au 24 mars) de la Francophonie. Il est expert à l’Ambassade de France sur les sujets de la Francophonie, d’enseignement supérieur et d’éducation.
Durant cette semaine, 54 écoles de 14 provinces du Burundi participaient aux différentes activités tant culturelles qu’intellectuelles. Toutefois, « le niveau de français baisse dans les écoles. Les enseignants doivent non seulement améliorer leur niveau de français mais surtout améliorer la méthode d’enseignement du français pour les élèves », dit-il. Face à ces situations, des réactions sont faites. « L’Ambassade de France avec l’Agence Universitaire de la Francophonie est partenaire du Master en didactique du FLE à l’Université du Burundi. Ce master permettra de former les formateurs qui eux même iront former les enseignants de français en espérant obtenir au final de meilleurs professeurs de français et hausser le niveau des élèves en langue française », donne M. J. Paul à titre d’exemple.
Pierre adhère à l’idée de reformer les enseignants de la langue française. « Il faut organiser des recyclages pour les enseignants », dit-il. Il insiste sur la nécessité d’augmenter les séances de cours de Français aux écoles fondamentales, la création des bibliothèques scolaires (là où il n’y en a pas), le recrutement des enseignants en nombre suffisant, la construction des écoles pour désengorger les classes pléthoriques et ainsi de suite.
Un bon encadrement des élèves les prépare à mieux se construire intellectuellement. Apprendre et maitriser la langue française reste le seul moyen d’être francophone. « L’école, c’est là où les élèves peuvent apprendre la langue française. S’ils ne l’apprennent pas, le Burundi ne sera plus francophone d’ici peu » s’exprime M. Jean Paul Mortelette.
Huguette Izobimpa
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