Elle s’appelle Gioia, d’autres préfèrent Joy ou Joy la slameuse. Gioia est belge avec des origines italiennes et burundaises. Elle rencontre le Slam vers la fin de l’année 2012. Cet art l’attire, elle s’y prête et depuis ils ne se sont plus quittés. La relation que Gioia entretient avec le Slam, c’est la joie elle-même de combiner diverses cultures, une richesse dont elle nous partage l’histoire.
« J’aime écrire depuis l’adolescence, cela a toujours été mon exutoire, quelque chose qui me permet d’extérioriser mes émotions et de mettre de l’ordre dans mes idées. J’ai étudié la littérature française à l’université. J’ai découvert le Slam vers la fin de l’année 2012 pendant ma dernière année d’études notamment en découvrant Gaël Faye », nous raconte Gioia. Engagée, elle est. Ses textes reflètent son refus de toute forme d’injustice. « Tout ce qui suscite des émotions fortes à l’intérieur de moi m’inspire. Je suis quelqu’un de révolté et d’engagé, les inégalités et les injustices me stimulent beaucoup car j’ai l’impression qu’il y a une urgence à dénoncer et que mes mots pourront peut-être faire réfléchir … », ajoute-t-elle.
Son grand père burundais, son premier texte sur scène
Agée de 28 ans, Gioia est née d’une mère burundaise et d’un père italien. Elle est déjà venue au Burundi, à l’époque elle avait 14 ans. « Le Burundi a toujours eu énormément d’importance dans ma pratique du Slam. La première fois que je suis montée sur scène pour faire un texte, c’était « Umutama » suite à la mort de mon grand-père », se souvient-elle. Grace à ce texte, elle gagne un concours. « J’ai eu ce besoin de l’accompagner par les mots dans son voyage, de lui parler à travers mon slam. Ce n’est pas dans la culture européenne de garder les ancêtres vivants parmi nous mais j’en ai ressenti ce besoin très fortement en moi. J’ai toujours eu ’impression que mon grand-père veillait sur ma carrière » confie-t-elle.
La beauté du pays, la rencontre avec sa famille, ses cousins, ses neveux, le lac aux oiseaux à Kirundo, les bananiers de Ngozi, Gitega, tout cela lui manque. « L’endroit que je préfère plus au Burundi, c’est Buraza, le village où mon grand-père est né, où j’ai encore de la famille et où je pourrai apprendre beaucoup de ma famille. Ma maman a grandi à Kinshasa et son père ne lui a rien ne transmis même pas sa langue. J’ai l’impression de réparer un lien qui s’était brisé » s’exprime-t-elle.
Pour Gioia, le Slam guérit. Elle anime énormément d’ateliers, et travaille également comme professeur à mi-temps. Elle voyage de temps en temps pour octroyer des formations. « Je connais peu le milieu du Slam au Burundi mais j’aimerai beaucoup venir donner des ateliers et partager mon expérience avec les slameurs burundais » souhaite-t-elle. Gioia a déjà collaboré avec des artistes burundais comme la chanteuse Sybille Cishahayo dans le morceau “J’avais Oublié” et s’inspire d’autres femmes burundaises telles que Marie-Louise Sebazuri.
Huguette IZOBIMPA